Arrivé en Algérie depuis dimanche dernier, l'ancien ministre français de l'Intérieur, puis de la Défense, aujourd'hui sénateur du Territoire de Belfort et, surtout, nouvellement nommé président de l'Association France-Algérie (AFA), Jean-Pierre Chevènement était, hier, l'hôte de la ville de Tizi Ouzou où il a été reçu par les autorités locales, notamment le wali, le P/APW et le P/APC de Tizi Ouzou. Dans un entretien à Liberté, M. Chevènement devait d'abord exprimer son immense bonheur à visiter, pour la première fois, Tizi Ouzou et la Kabylie. “Je suis déjà venu plusieurs fois en Algérie, notamment à Alger et Oran, et c'est bien la première fois que je visite Tizi Ouzou, et j'avoue être comblé”, dira M. Chevènement. Quant aux raisons essentielles qui l'ont poussé à se rendre pour la première fois en Kabylie, l'émissaire français dira que “c'est d'abord pour le plaisir de découvrir et de mieux connaître cette belle région et ses sites magnifiques du Djurdjura. Je suis moi-même originaire du Jura, et donc je suis fasciné par la beauté du Djurdjura et ce peuple très attachant car en France, nous connaissons beaucoup de Kabyles qui travaillent et qui y vivent depuis longtemps”. S'agissant du développement de la région et de l'éventuel apport de l'Association France-Algérie qu'il préside depuis quelques mois, J.-P. Chevènement estime que “l'Association France-Algérie se situe au niveau des sociétés et pas des états. Elle regroupe des Français ou des Franco-Algériens qui sont motivés par l'intensification de nos échanges. Je pense que nous développons aussi une activité dans le domaine économique et nous voulons sensibiliser les petites et moyennes entreprises françaises sur ce qu'elles pourraient faire en Algérie”. à propos de la prochaine réouverture du Centre culturel français de Tizi Ouzou, J.-P. Chevènement dira : “Ce centre pourrait ouvrir ses portes prochainement, mais cela dépendra de certaines décisions administratives et financières, car il doit bien réhabiliter ses locaux et faire de ce centre une unité de l'Institut français, puisqu'il s'agit là de sa nouvelle appellation. Il visera l'apprentissage de la langue française mais aussi la mise en réseau de tous nos instituts pour faire connaître la production artistique française mais aussi étrangère. L'essentiel est d'aborder le sujet avec un esprit large mais, dites-vous bien que, personnellement, je trouve que le centre culturel Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou est déjà un centre d'activités très intéressant avec un lot d'initiatives impressionnantes.” Quant aux difficultés rencontrées liées à la libre pratique du culte en Kabylie, l'hôte de Tizi Ouzou s'est contenté de dire : “Le sujet mérite d'être abordé avec les autorités locales car il relève d'une attention toute particulière.” Et à propos de la politique de délivrance des visas d'entrée en France, M. Chevènement indiquera : “La politique française a fluctué. Quand je suis arrivé au ministère de l'Intérieur, le nombre de visas était de 50 000 ; il est passé en moins de trois ans à 250 000, et je crois effectivement que les gouvernements actuels ont conduit une politique plus restrictive. Ceci dit, je pense que la communauté algérienne est très importante en France et, à ma connaissance, c'est la seconde nationalité étrangère en France après les Chinois.” Au sujet des “sans-papiers” qui attendent vainement d'être régularisés en France, il estime que “c'est là un sujet très délicat car tout pays qui se respecte est soucieux de contrôler les gens qui viennent sur son sol, mais il faut bien avouer qu'il y a déjà eu par le passé de nombreuses régularisations. Moi-même, j'ai eu à régulariser quelque 80 000 cas d'un seul coup en 1997, et il est utile de rappeler qu'il y a quand même deux millions d'Algériens et de Franco-Algériens qui vivent en toute quiétude en France”.