Histoire n Le film intitulé Maurice Audin, la disparition, du réalisateur français, François Demerliac, a été projeté, hier, à la Cinémathèque algérienne. Cette projection vient commémorer le 54e anniversaire de la disparition de l'intellectuel et universitaire qui avait milité pour une Algérie libre et indépendante. Le documentaire de 70 minutes revient sur la présumée disparition de Maurice Audin, le 21 juin 1957. Il retrace la tragique disparition de cette personnalité historique. Rappelons que Maurice Audin, qui parallèlement à ses activités militantes, enseignait les mathématiques à la faculté d'Alger, a été emprisonné, puis torturé avant d'être assassiné au centre de torture d'El Biar par les parachutistes français. Le film, inédit en Algérie, jusque-là projeté au sein de cercles restreints, retrace le militantisme de Maurice Audin, sa capture et le mystère de sa disparition, car jusque-là, il est considéré comme disparu. Selon la version officielle donnée par l'administration coloniale, il s'est évadé le 21 juin, lors de son transfert en prison, et depuis personne n'en a plus entendu parler. De nombreuses personnalités dont Henri Alleg, journaliste, Abdelmadjid Azi, syndicaliste, Djoudi Attoumi, moudjahid, Pierre Braun ou Jules Brokerr, tous deux avocats, et bien d'autres encore, ont témoigné dans ce documentaire, dédié à la mémoire de Maurice Audin mais aussi à tous ceux qui avaient adhéré à la cause algérienne. Le documentaire porte également le témoignage de Josette Audin, veuve de Maurice Audin, et dans lequel elle conteste l'évasion de son feu mari. Le film, de témoignage en témoignage, se construit sous forme d'enquête, menée avec un souci du détail et de l'historicité. Le réalisateur s'emploie à croiser les différents témoignages des acteurs de l'époque en y mêlant des scènes de reconstitution, des coupures de journaux, des archives filmées et divers documents et témoignages. L'objectif est d'apporter un éclaircissement sur une affaire encore vive dans les mémoires et dans laquelle la responsabilité des autorités coloniales n'a toujours pas été reconnue par la justice française. Car à ce jour son assassinat n'a pas été reconnu et les coupables n'ont pas été condamnés. Pour étayer son documentaire, le réalisateur a aussi choisi de s'appuyer sur le travail de l'Historien Pierre Vidal-Naquet, qui, rappelons-le, a publié en 1957 ‘L'affaire Audin', réédité en 1989 aux éditions de Minuit, livre qui avait suscité des débats, ainsi que d'autres importants ouvrages sur la question de la pratique de la torture par l'Etat français durant la guerre d'Algérie (La Torture dans la République, 1972, éditions de Minuit). S'exprimant sur ce film, Mohamed Rebah, auteur de Des chemins et des hommes, consacré aux militants de la Révolution algérienne, et qui a connu Maurice Audin dira : «Maurice Audin, qui engagea sa vie dans une voie pleine de courage pour une société juste, libre et fraternelle, reste toujours dans nos cœurs, il est vivant. Tout ce qu'il voulait, nous le voulions aussi et nous le voulons encore aujourd'hui.»