Organisée dans le cadre de la cinquième édition du Salon Djurdjura des arts plastiques, le petit théâtre de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a abrité, mardi passé, une conférence-débat animée par Ouchène SmaIl, artiste peintre et enseignant à l'Ecole des beaux-arts d'Azazga, portant sur le thème “La peinture, un lieu de mémoire”. D'emblé, le conférencier est entré dans le vif du sujet, en abordant la peinture comme un assemblage d'une intelligence pratique de la main et de la vision. Il fera une rétrospective “géologique” de l'œuvre d'art, comme surface, un réceptacle, une charge vitale de l'artiste où les couleurs se mettent au dialogue. “L'artiste cherche cette capacité de changer les choses de l'intérieur, contrairement à l'artisan qui lui, cherche un changement des choses dans la forme”, signale-t-il. M. Ouchène a également évoqué le phénomène de la mémoire comme étant une façon de se maintenir dans l'existence ; ce qui est l'origine du “nous”. L'orateur traitera aussi du rôle de la mémoire dans la restitution de la réalité, depuis l'époque grec, romain et de la renaissance à nos jours. “Actuellement, nous sommes confrontés et menacés par une perte de mémoire. Exemple, un CD contenants des documents peut se détériorer facilement et causer la perte rapide des donnés. Contrairement au mode de conservation dans le passé, dans l'antiquité, beaucoup de choses ont été gravé sur de la pierre, même des textes scientifiques, mathématiques… L'art a servi et reste le véhicule d'une mémoire vivante”, a-t-il déclaré. Pour Platon, la mémoire c'est comme de la cire, une âme qui retient l'empreinte du geste. Avec une âme sensible et un geste fort, l'on obtient une métamorphose plastique. La mémoire à travers la matière, a-t-il dit. Aristote, quant à lui, évoquera la mémoire comme un passé. “Y a pas de mémoire du présent et ni de mémoire future, donc là, elle est confrontée à une notion du temps”, a-t-il ajouté. “Dans le moyen âge chrétien, l'église adoptera, l'image plastique afin de construire un message épuré des événements, des messes… dans l'objectif de faire comprendre la masse.” Mais dans tout cela, une maîtrise des valeurs des signes et des symboles s'impose. La peinture, un lieu de mémoire. Y a un art, un artiste et aussi une existence. Le geste est fossilisé dans la peinture. C'est pourquoi il faut s'intéresser également à l'espace tactile de l'œuvre. “Elle est le meilleur réceptacle de la mémoire.” Or, l'artiste est tout le temps en quête de cet espace inespéré, une mémoire future.