Que cela soit sous l'ère de Saâdane ou sous le règne de Benchikha, l'un des points noirs relevés par les observateurs reste le manque d'autorité du staff technique au sein de la sélection nationale de football. L'existence de barons au sein des Verts est même avancée par la presse, au point où certains joueurs au rendement discutable sont devenus des intouchables avec des techniciens qui n'ont pas eu le courage de remettre en cause un ordre visiblement bien établi. La presse a même évoqué des interférences des joueurs dans le domaine technique et le choix de l'équipe. De l'aveu même de Saâdane, à la veille du match contre les USA, certains joueurs auraient mérité d'être exclus du Mondial pour indiscipline, comme ce fut le cas du reste pour Lemmouchia à la CAN-2010 en Angola. Sauf qu'avec Saâdane, ce sont toujours les plus faibles — car ne faisant pas partie du clan — qui trinquent. Les cadres font la pluie et le beau temps sans que personne ne trouve à redire. Qu'en sera-t-il désormais avec l'arrivée de Vahid Halilhodzic, un entraîneur connu pour sa rigueur et son sens de la discipline ? En tout cas, dans sa récente interview accordée au quotidien sportif français l'Equipe, Vahid Halilhodzic annonce la couleur et donne surtout le ton. “Souvent, en Afrique, il y a des problèmes de discipline. Les joueurs choisissent leur match, ce ne sera pas le cas avec moi”, a martelé le nouveau sélecteur des Verts qui ne manque pas d'analyser l'équipe algérienne. “Il y a de bons joueurs mais, psychologiquement, moralement, c'est un groupe marqué. Mais je n'ai pas encore tous les éléments pour juger. Moi, je vais arriver le 1er juillet, je vais mettre un règlement en place, ceux qui ne le suivront pas partiront. C'est simple.” Et d'ajouter : “Je ne sais pas encore si je vais changer beaucoup de joueurs. Mais il y aura des changements. Il va y avoir une vraie concurrence, même pour les cadres. Chacun des joueurs aura sa chance”, avertit-il. Une position visiblement partagée par Riad Boudebouz qui déclare à la presse française que la sélection nationale avait effectivement besoin d'un entraîneur rigoureux et sérieux. “J'ai toujours entendu dire que c'est un entraîneur qui faisait travailler ses joueurs et qu'il était très sérieux. C'est ce qu'il faut pour l'Algérie”, a affirmé Boudebouz. Et d'ajouter : “Enfin un coach européen ! C'est très bien. Il va remettre de la rigueur, un cadre en place, établir une distance entre joueurs et staff. Ça ne s'est pas bien passé au Maroc. On a été nuls. Mais on ne va pas en parler pendant 40 ans. Le coach a aussi commis des erreurs en faisant jouer certains qui ne le méritaient pas… La qualification n'est pas compromise…” Dans notre édition d'hier, nous révélions à ce titre que Vahid Halilhodzic compte convoquer un nombre assez important de joueurs pour le premier stage de l'EN le 10 août prochain, dans un lieu qui n'est pas encore arrêté. Ce regroupement aura lieu en Europe, pas en Italie en tout cas, et c'est le technicien bosniaque qui se charge personnellement de dénicher un coin paisible, loin de la curiosité des badauds et de la pression des supporters. Il n'est pas aussi écarté que le stage ait lieu à Alger, sachant que lorsqu'il était à la tête de la sélection de la Côte-d'Ivoire, Vahid Halilhodzic avait l'habitude d'organiser ses stages à Abidjan.