Nom : lieutenant. Prénom : Columbo. Signes particuliers : cheveux défaits, imperméable sale et froissé. Moyen de transport : Peugeot 403. Cette identité restera gravée à jamais dans les esprits des téléspectateurs qui ont découvert, il y a 40 ans, c'était en 1971, un flic pas comme les autres. Un flic qui n'a jamais inondé de violences nos écrans, mais, plutôt, qui a donné naissance aux séries modernes du film policier. Loin des scénarios de gangstérisme, très loin des scénarios cocotte-minute où les snippers justifient les sales guerres pour appréhender un meurtrier, Columbo a joué un rôle extraordinaire où seules la science et la preuve matérielle interpellait les esprits maléfiques. Toutes les tentations de l'homme sont décousues par un Peter Falk qui, fort malheureusement, n'enquêtera jamais dans ce monde où les vils sévissent encore. Imperturbable, incorruptible et juste, tantôt affectif avec les bourreaux tentés par la mésaventure, tantôt direct et froid face aux forcenés, une fois le mobile du crime retrouvé, l'homme à la 403, une voiture à garder au musée des grands, a charmé le monde entier depuis son premier épisode, de la première saison de ses célèbres séries. Sa femme, comme du sucre dissous dans un verre de lait, était partout. Mais, on ne la voyait jamais, pour paraphraser Coluche. Les acteurs, scénaristes, réalisateurs et autres producteurs ont alors découvert un homme original. Mais qui ne voulait pas s'arracher les services de ce flic, le cigare collé aux lèvres, pour “creuser” une meilleure connivence avec les millions de téléspectateurs ? Los Angeles se souviendra longtemps de son légendaire policier qui n'a jamais exhibé une arme, sinon juste son badge pour pénétrer la scène du crime à la recherche d'un “petit détail” et pas plus. Les autres détails viendront au fur et à masure que Columbo développait une observation unique, avec un raisonnement burlesque pour établir un profil juste du meurtrier, et pas ricochet, jaillir l'attitude du coupable chez son suspect qu'il ne lâchera pas sans avouer le détail qui lui manquait. Non dépourvu d'humour, à la recherche d'un “détail colle pas” contre “le détail qui ne colle pas”, et souvent pour “juste un dernier détail” ou encore “juste une dernière chose”, ce personnage a réussi, lui aussi, à développer cette connivence avec son public qu'il mettait dans le bain pour faire jaillir la vérité. Sans violence. Sans recourir aux armes ou à l'artillerie lourde pour faire des malheurs. Il a enquêté chez les riches (Des sourires et des armes) comme chez les pauvres, chez les personnalités politiques (Candidat au crime) et diplomatiques (Immunité diplomatique) comme chez les militaires (Grandes manœuvres et petits soldats), les avocats, les médecins, les artistes (Le chant du cygne) et autres chercheurs universitaires (Criminologie appliquée). Y compris les psychologues (Jeux de mots) et les psychiatres (Subconscient). Comme quoi, le crime est partout. Volatile. Après tout, et comme disait Anneo Seneca : “Errare Humanum Est”. Volubile, mais au regard affairé, son seul et fidèle accompagnateur dans ses célèbres films était son chien. Une créature qui ne mord jamais, y compris les coupables. Qualifié d'intrus, de clochard, de fou ou encore de flic qui dérange, Columbo a apporté une valeur ajoutée au cinéma américain, mais surtout au film policier. Ses séries deviendront vite un modèle pour les futures générations qui dénoncent l'impunité, exigent la justice et revendiquent davantage la parité contre les procès iniques. Même l'immunité ne résistera pas à un Columbo qui disconvient “le droit de tuer” (Le mystère de la chambre forte). C'est dire que tout le monde est passé par là en 67 épisodes, l'espace d'une carrière cinématographique unique. Né en septembre 1927 à New York, Peter Falk, a perdu un œil à l'âge de trois ans des suites d'un cancer. Il rejoindra la télévision en 1957 avant d'incarner le lieutenant Columbo dans plus de 70 téléfilms jusqu'en 2003. Atteint en 2009 de la maladie d'Alzheimer, il rendra l'âme à l'âge de 83 ans non sans que le monde entier ne lui rende un hommage à la hauteur de ce qu'il a été…