Le décès de Horst Tappert, alias Derrick, et la maladie de Peter Falk, alias Columbo, marquent la fin d'une époque : celle du “policier classique” du cinéma américain. L'homme qui a défié des généraux, des magiciens, des médecins, des artistes, des créateurs, des chercheurs, femmes et hommes, de statures criminelles, ne peut malheureusement plus enquêter ! Columbo, puisque c'est de lui qu'il s'agit, souffre depuis quelques semaines de la maladie d'Alzheimer. Peter Falk, le lieutenant qui a longtemps incarné le casse-tête des meurtriers dans plus de 70 téléfilms diffusés entre 1968 et 2003, laisse derrière lui une carrière riche en enseignements à travers des classiques immortels. De son légendaire imperméable à ces cigares souvent provocateurs, en passant par ses regards de curieux et développant dans l'immédiat et sur le lieu du crime l'attitude de coupables chez les vrais coupables, jusqu'à ses grimace pour le moins inimitables et sa conduite exceptionnelle de l'unique pièce automobile dans le cinéma américain, une Peugeot 403, Columbo a charmé les plus grands réalisateurs du siècle et occupé les devants des prix et autres distinctions du 7e art. Nommé à deux reprises aux oscars dans la catégorie du second rôle, en 1961 et 1962, le lieutenant Columbo a aussi incarné le policier du siècle : un policier non-violent. Ce qui a lui valu le nom “de policier pas comme les autres”, d'un “homme à part” ou encore d'un “enquêteur hors pair”. Ses débuts, en 1957, ont été, certes, timides à la télévision américaine. Il avait alors 30 ans ce terrible Peter Falk, né en 1927 à New York, qui a longtemps vécu avec un cancer… dès l'âge de trois ans ! L'homme qui ne dira jamais rien à sa femme, “Madame Columbo”, une femme jamais signalée dans les génériques de début, encore moins de la fin de toutes les séries qu'il avait jouées, mérite à plus des égards un hommage de son vivant pour son talent. Car, en fait, l'information a été révélée par sa fille, Catherine Falk, qui réclame la mise sous tutelle de son père. D'ailleurs, elle a entrepris, à Los Angeles, une démarche judicieuse au niveau de la justice pour que son père soit protégé de fraudes ou d'influences néfastes. Et même si les médias des Etats-Unis d'Amérique peinent encore à décrocher le scoop, il est évident que Columbo devra être protégé de toutes pressions des prétendants aux oscars, car devenu sensible à l'âge de 81 ans. Célèbre dans le monde entier, Columbo a toujours été au-dessus des “peopoleries” de son époque, et ce, en marquant plusieurs générations de téléspectateurs dans les quatre coins de la planète. La fiction étant pour beaucoup, Columbo aurait pu “enquêter” sur les maladies du siècle pour “arrêter” le mal d'Alzheimer, cette terrible pathologie qui touche de plus en plus des célébrités du cinéma contemporain. N'avait-il pas organisé l'enterrement de “Madame Columbo” pour arrêter des criminels ? Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la maladie de Columbo a coïncidé avec la disparition, à l'âge de 85 ans, du célèbre acteur allemand Horst Tappert. Un autre policier, en l'occurrence l'inspecteur Derrick, connu du grand public pour avoir incarné un enquêteur hors pair et qui a débuté sa carrière en 1958, soit une année après Columbo. Pure hasard ? Simple coïncidence ? Lors de son décès, contrairement à la maladie de Columbo, l'information a été confirmé par son… épouse ! Ayant joué dans une quarantaine de films et de téléfilms, la série Derrick était diffusée dans des dizaines de pays. Horst Tappert, qui vient de laisser le relais à Harry, son “homme de confiance”, avait tourné ses 281 célèbres séries de 1972 et 1998. Et si Columbo devra bénéficier de soins intensifs et profiter d'une longue convalescence, Derrick n'enquêtera malheureusement plus jamais. Triste fin d'une belle épopée du “policier classique” américain. FARID BELGACEM