Tôt le matin, avant même l'ouverture des bureaux de la wilaya d'Alger, des dizaines de délégués du collectif des sinistrés du tremblement de terre de mai 2003 se sont rassemblés, hier, devant le siège de cet édifice. À peine arrivés sur les lieux du sit-in vers 8h30, un important dispositif de sécurité les a dispersés et dirigés vers la rue adjacente, loin des regards des curieux. “Ils (les agents de l'ordre, ndlr) nous ont demandé de se faire discret. En contrepartie, une délégation composée de quatre personnes sera reçue par un responsable de la wilaya”, ont déclaré les protestataires. En attendant les résultats des pourparlers, les manifestants ont tenu à exprimer leur colère et ont réclamé d'être relogés avant la fin de cette saison estivale. Selon eux, après avoir passé plus de cinq mois dans le centre de transit de Bateau-Cassé, à Alger, ils ont été transférés, en octobre 2003, dans des chalets du site de Herraoua. “Après le tremblement de terre, les autorités nous ont promis d'être relogés dans un délai de dix-huit mois. Neuf ans après, rien n'a été fait et le ministre de l'Habitat ose dire que tous les sinistrés ont été relogés”, a déclaré Karim, un contestataire. Natif du quartier d'Alger-Centre, il nous dira que leur villa construite à Réghaïa s'est effondrée en une seule nuit, le jour du tremblement de terre qui a touché les wilayas d'Alger et de Boumerdès. “On se retrouve maintenant à vivre dans des containers transformés en chalets pour les sinistrés”, poursuit-il. Ils sont une centaine à vivre ce même calvaire. Précisément, ce sont 317 familles qui ont transférées au site d'Aïn El-Kahla, à Herraoua, commune de Bordj El-Kiffan après le séisme. Pourtant, on leur avait promis, à l'époque, des logements dans un délai qui ne dépasserait pas les dix-huit mois ; la dernière promesse remonte, selon eux, à l'an dernier. L'automne est passé, l'hiver s'est installé et maintenant l'été est là, mais rien n'a changé dans ce site de transit. “Cela fait trop longtemps qu'on attend d'être relogés. Les deux cités de Herraoua, les 450 logements et les 150 logements étaient destinés à nous reloger. C'est parce que nous sommes pacifiques et que nous n'avons pas provoqué des émeutes que nous n'aurons pas de logements dignes”, s'insurgent-ils. Les protestataires accusent les autorités locales d'avoir détourné leurs logements pour les attribuer à d'autres personnes. Après plusieurs heures de discussion, un représentant de la wilaya d'Alger leur fait une promesse à son tour. “Il nous a rien dit, à part que nos dossiers sont pris en charge, que nous serons relogés avant la fin du mois de juillet et qu'on devait attendre les décisions”, explique un autre délégué du collectif des sinistrés. Une promesse jugée trop insignifiante par certains contestataires qui se disent fatigués de vivre encore une semaine de plus dans des “cages à poules”. “Nous ne voulons plus de promesses, cela fait trop longtemps qu'on vit dans des containers insalubres où l'hygiène est déplorable et la promiscuité insoutenable, et cela fait trop longtemps que les autorités nous bernent avec de fausses promesses pendant qu'ils se partagent nos logements”, s'indignent-ils. Par ailleurs, les sinistrés du site de Herraoua menacent de durcir leur action, en organisant un mouvement de contestation dans les prochains jours, si les promesses ne sont pas tenues. Afin d'avoir un complément d'informations, nous avons tenté de prendre attache avec l'attaché de communication de la wilaya d'Alger, mais en vain. Nous nous sommes heurtés à un mur.