Les grandes puissances se sont concertées lundi pour essayer de débloquer le dossier israélo-palestinien. Cette réunion, convoquée par le président américain, se veut une dernière mise en garde contre les autorités israéliennes qui refusent de lâcher la moindre concession pour que reprennent les négociations avec les Palestiniens, gelées depuis plus de deux années. Le Quartette pour le Proche-Orient, qui a reprit du service après une longue hibernation, est d'autant plus pressé de voir la reprise du fil des négociations qu'il estime que la situation de blocage peut conduire immanquablement à de nouveaux affrontements dans la région du Moyen-Orient déjà suffisamment accaparée par les printemps arabes. L'ONU, les Etats-Unis, la Russie et l'Union européenne veulent surtout s'éviter le casse-tête politico-diplomatique qu'ils auront à affronter si jamais le président de l'Autorité palestinienne venait à mettre en pratique sa menace de proclamer unilatéralement l'indépendance de son pays et de soumettre la question à l'Assemblée générale de l'ONU ce mois de juillet. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton devaient comparer leurs notes et réfléchir à une suite pour la relance du processus de paix israélo-palestinien. L'objectif est minimal, ce qui explique que les Etats-Unis aient longtemps retardé cette réunion, arguant que les conditions d'un succès n'étaient pas réunies. Mais une absence totale de mouvement diplomatique paraissait impossible. L'objectif clairement affiché par les Palestiniens de mettre la communauté internationale face à ses responsabilités, est rejeté par Israël et les Etats-Unis, et risque de diviser les Européens. Certains, dont la France, pourraient approuver la démarche des Palestiniens, tandis que d'autres, comme l'Allemagne, y sont profondément hostiles. La France, qui pense que son heure est arrivée pour se hisser sur la scène internationale, notamment dans le monde arabe, a tenté de vendre son projet d'une conférence à Paris, en septembre, sur la question israélo-palestinienne juste avant l'Assemblée générale de l'ONU. L'idée a été rejetée aussi bien par les Israéliens que par leur soutien indéfectible que sont les Etats-Unis. Les membres du Quartette sont unanimes pour soutenir la position de Barack Obama, qui a préconisé, le 19 mai, que les parties cherchent à bâtir deux Etats sur la base des lignes antérieures à la guerre des Six-Jours, avec des échanges mutuellement acceptés. Mais Israël a prévenu à maintes reprises qu'il ne négocierait pas sur la base de ces lignes de 1967, qualifiées “d'indéfendables”, et qu'il n'y aurait pas d'accord de paix sans reconnaissance par les Palestiniens d'Israël comme “Etat-nation du peuple juif”. Or, seul Washington peut faire plier Netanyahu. Mais Obama ne s'est pas donné cette peine, acceptant de se faire rabrouer publiquement et à plusieurs reprises par le Premier ministre juif. Alors qu'attendre du Quartette sinon des vœux…