À peine lancés dimanche, les fragiles pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens sous l'égide des Etats-Unis ont buté sur le contentieux explosif de la colonisation juive à Jérusalem-Est annexée. Un proche de Netanyahu a démenti dans la soirée qu'Israël se soit engagé à geler pendant deux ans un important projet immobilier juif à Jérusalem-Est annexée comme l'avait annoncé dans un communiqué le département d'Etat américain qui se félicitait de la reprise des négociations les qualifiants de constructifs ! L'annonce de ce même projet dans le quartier de colonisation juif de Ramat Shlomo avait torpillé en mars la précédente tentative de lancement de pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens. Elle avait créé une grave crise diplomatique entre Israël et l'administration Obama, mais qui s'était vite dissipée après l'intervention ferme du lobby juif américain auprès de la Maison-Blanche et au sein du Congrès. Netanyahu a clarifié, depuis le début du processus, que la construction et la planification à Jérusalem va continuer comme d'habitude, exactement comme cela a été le cas sous tous les gouvernements d'Israël au cours des 43 dernières années, ont expliqué les médias israéliens beaucoup plus au président américain qu'à la partie palestinienne laquelle dans le fond sait très bien à quoi s'attendre. Bien que son annexion par Israël en 1967 ne soit pas reconnue par la communauté internationale, Jérusalem, notamment sa partie est, est au centre du conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens veulent en faire la capitale de leur futur Etat, alors que les Israéliens considèrent la ville de Jérusalem dans son ensemble comme leur capitale “éternelle et indivisible”. La déclaration israélienne le jour même de l'ouverture des négociations indirectes est plus qu'une tentative d'embarrasser l'Administration américaine. C'est un défi, une provocation, d'autant plus que le conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, Nimr Hammad, a fait état d'un accord entre Israël et les Palestiniens avec le sénateur George Mitchell, l'envoyé spécial d'Obama dans la région, pour arrêter les déclarations aux médias “de nature à tendre le climat” ! Ces pourparlers dits de proximité consacrent les efforts de l'Administration Obama pour débloquer le processus de paix au Proche-Orient après le gel des négociations directes en décembre 2008, à la suite de la guerre de Gaza. Mais ils démarrent dans un climat de grand scepticisme, tant chez les Israéliens que les Palestiniens, car des divergences fondamentales persistent sur les dossiers-clés. Outre statut de Jérusalem, les frontières, la colonisation juive et le retour des réfugiés palestiniens. Sans oublier les questions sécuritaires. Israël veut garder le contrôle militaire et aérien dans le futur Etat de Palestine. Le négociateur palestinien s'égosille à répéter que le gouvernement israélien doit choisir, la paix ou la colonisation, et comprendre que paix et colonisation ne peuvent aller ensemble. L'ambassadeur Mitchell est attendu, en principe en fin de semaine, dans la région pour essayer d'éteindre le premier feu et poursuivre sa médiation. Censé jouer les médiateurs entre Israéliens et Palestiniens par le biais de navettes entre Jérusalem, Ramallah et Washington, il a quatre mois ( !) pour convaincre Israël.