La campagne de fauchage dans cette région est une aubaine pour des centaines de chômeurs de trouver un travail saisonnier, c'est devenu même une tradition à chaque début de campagne, des faucheurs affluent d'autres wilayas vers cette contrée pour proposer leur service, ils gagnent entre 1 500 et 2 000 DA la journée, petit-déjeuner et déjeuner inclus. La traditionnelle campagne de fauchage a enregistré cette année un léger retard en raison de l'arrivée tardive des dernières pluies du mois d'avril passé qui se sont abattues sur cette région et qui ont d'ailleurs porté d'énormes préjudices à la qualité et la quantité de l'herbe récolté cette saison. Toutefois, les faucheurs armés de faux et de volonté travaillent d'arrache-pied dans les champs et mènent une course contre la montre pour achever cette opération à temps, avant même l'arrivée du mois sacré coïncidant avec la période estivale, caractérisée par de grandes chaleurs, ce qui rend le travail dans les champs et les prairies dans de pareilles conditions de jeûne, de plus en plus pénible. Ainsi donc, les faucheurs, dans la commune de Yakouren et les communes voisines (Zekri, Ifigha, Fréha) qui sont pour la plupart des éleveurs de cheptel ovin et bovin rejoignent tôt le matin leurs propriétés pour entamer l'opération de fauchage. Un travail ardu scindé en quatre étapes, tout d'abord les plantes fourragères sont coupées à l'aide des faux, instrument muni d'un long manche et d'une lame recourbée, qui sert à couper l'herbe vert, puis ce dernier est séché sur place pendant une période ne dépassant pas quinze jours, ensuite c'est la deuxième étape qui sonne, l'herbe devenu foin et rassemblé sous forme de meules dépassant parfois les trois mètres de hauteur, ceci dans le but de faciliter le travail de la botteleuse, machine drainée par un tracteur agricole qui sert à botteler la paille. Aussitôt que la troisième étape est achevée et que le foin a prit la forme de botte, après le passage de la botteleuse, il sera en fin de compte acheminé vers les lieux de stockage pour servir de nourriture aux bestiaux, notamment en période hivernale, ce qui signifie la fin de l'opération de fauchage. Pour cette saison, il est vrai que par rapport à la saison passée, les premières récoltes enregistrées sont jugées insuffisantes, un état des lieux dû à plusieurs facteurs, particulièrement l'arrivée tardive des pluies qui s'est faite au mois d'avril qui, au lieu de donner du volume à l'herbe vert, ont carrément fariné le taux de croissance du fait que l'herbe vert a été déjà exposé au soleil pendant plusieurs jours. L'arrivée tardive des pluies n'est pas bénéfique dans de telles conditions pour le développement de la végétation, à cela s'ajoute les orages qui se sont abattus sur cette région en mois de mai dernier et qui ont engendré la destruction des champs. Les pluies tombées en abondance, accompagnées parfois de rafales de vent, endommagent les tiges et les font tomber par terre. “L'année passée, en pareille période, j'ai moissonné 125 bottes de foin dans l'une de mes propriétés, cette saison j'ai récolté 75 bottes seulement soit, 50 bottes de paille de moins et je suis dans l'obligation de limiter mon cheptel en vendant quelques vaches pour répondre aux besoins des autres, notamment en hiver où le prix du foin augmente sans cesse”, nous a déclaré Djamel A., éleveur originaire de la région de Yakourène. D'autant plus que les éleveurs se plaignent aussi du prix du bottelage qui a atteint cette saison 50 DA l'unité, soit 10 DA de plus comparativement à la saison passée. Interrogé sur ce sujet, Billal B. propriétaire d'une botteleuse nous a fait savoir que “la raison de cette augmentation est due à la cherté du fil d'attache utilisé par la botteleuse pour fixer le foin sous forme de botte et qui se vend à 10 000 DA le quintal, à cela s'ajoute les frais d'entretient du tracteur agricole et de la botteleuse (pièces de rechange, carburant…” Ces facteurs sont la conséquence que le prix de la botte de foin de bonne qualité a atteint 450 DA tandis que l'année passé il ne dépassait pas les 250 DA l'unité. En définitive, la campagne de fauchage dans cette région de l'Algérie profonde est une aubaine pour des centaines de chômeurs de trouver un travail saisonnier, c'est devenu même une tradition à chaque début de campagne, des faucheurs affluent d'autres wilayas (Béjaïa, Sétif, Jijel...) vers cette contrée pour proposer leur service, ils gagnent entre 1 500 et 2 000 DA la journée, petit-déjeuner et déjeuner inclus.