Cet économiste estime que la politique prônée jusque-là par l'Etat reste coûteuse pour les finances publiques et “injuste” puisque tout le monde en bénéficie. “L'Algérie est l'un des pays les plus assistés. Tout est subventionné notamment les produits alimentaires de première nécessité, les services publics, l'eau, l'électricité, le gaz, les transports, l'enseignement…” Salah Mouhoubi, économiste, estime que la politique prônée jusque-là par l'Etat reste coûteuse pour les finances publiques et “injuste” puisque tout le monde en bénéficie. “C'est une politique qui n'incite pas à l'effort et demeure l'une des causes de la paresse, surtout des jeunes”, observe-t-il. Par ailleurs, cette subvention, explique M. Mouhoubi, si ses objectifs sont la paix sociale et la stabilité du pays, à terme, elle pourrait provoquer des effets pervers. “Cette politique de subventions tous azimuts est permise par l'embellie financière, mais demain si celle-ci venait à manquer, la paix sociale et la stabilité du pays seront dangereusement remises en cause”, constate cet expert financier. Cette politique de “facilité” a été favorisée, affirme-t-il, par le fait que l'Algérie exploite une seule ressource qui n'est autre que le pétrole. Pourtant, cette ressource naturelle n'est pas inépuisable. Il est de ce fait vital, prévient le politologue, d'entamer dès maintenant une réflexion qui engagera le pays dans la voie d'une économie sans subventions. “Cela demande une autre vision et, par conséquent, une nouvelle stratégie”, relève Salah Mouhoubi, invité hier par le site économique Algeria Investment pour animer une conférence ayant pour thème : “une économie sans subventions.” L'économiste avoue que dans le cadre d'une nouvelle politique, la lutte contre l'informel devient incontournable. “Si l'Algérie veut construire une économie diversifiée, densifiée et compétitive, elle doit gérer son actuelle économie d'une autre manière”, suggère-t-il. Salah Mouhoubi pense qu'il est grand temps pour mettre un terme au “populisme ravageur qui pousse au gaspillage, à la paresse et au non-développement”. La mise en place d'une économie sans subventions exige, selon lui, l'ouverture d'un large débat national afin de faire un état des lieux et exposer les enjeux pour l'avenir de l'Algérie. Une fois cette étape entamée, il faut définir, par la suite, une feuille de route de 4 années pour réaliser progressivement le démantèlement des subventions. Cependant, renchérit le conférencier, l'Etat doit continuer à soutenir les catégories les plus démunies grâce à des actions budgétaires. “Cela veut dire aussi que l'Etat doit cibler avec précision les secteurs qui méritent d'être subventionnés”, ajoute-t-il. par ricochet, une autre politique est possible, affirme-t-il, pour peu que les pouvoirs publics intègrent les réformes économiques dans le projet global que le président de la république veut engager pour l'avenir du pays.