«Au lieu d'accorder des subventions à des secteurs sans contrepartie, il vaut mieux investir dans les secteurs productifs», a recommandé, hier, à Alger, l'économiste Salah Mouhoubi lors du forum Algeria Invest, en appelant à un «débat national» pour rationaliser de façon «efficace» et «juste» les finances publiques. «Nous avons mis un système de subvention inefficace. C'est aussi un gouffre financier puisque le budget de fonctionnement sur une période de 10 ans est en constante évolution. Il a doublé en 3 ans, sans parler du budget d'équipement», a alerté M. Mouhoubi.Il a cité, à titre d'exemple, le cas de la loi de finances complémentaire 2011 dans laquelle les finances publiques ont augmenté de 25%. De plus, une enveloppe de 300 milliards de DA par an est consacrée à la subvention des produits alimentaires de première nécessité. Selon lui, «on (l'Etat) dépense de façon irrationnelle. C'est pourquoi, il est temps d'engager un débat national, afin de rationaliser d'une part, en ciblant judicieusement des secteurs, et d'autre part, en faire bénéficier les catégories sociales défavorisées». M. Mouhoubi suggère à l'Etat de tracer une feuille de route dans ce sens s'étalant sur 10 à 20 ans, afin de «rompre avec cette politique d'octroi de subventions à des secteurs sans contrepartie qui ne sert pas l'économie nationale hors hydrocarbures». Pour cet économiste, il faut «arrêter avec l'utilisation des ressources pétrolières en subventionnant des produits importés» comme celle décidée dernièrement sur le sucre et l'huile végétale pour un montant de 30 milliards de DA. Il attire l'attention sur les subventions dans le secteur de l'Agriculture pour 1 000 milliards de DA, durant le quinquennat 2010-2014, tandis que l'Algérie n'arrive toujours pas à assurer son autonomie sur des produits comme la poudre de lait ou encore les céréales qui ont enregistré «un bond fulgurant» de la facture d'importation. Pour lui, d'une part, «ces subventions encouragent la passivité et freinent la production nationale en lait cru, en colza et en tournesol, des matières premières pour l'industrie agroalimentaire. D'autre part, elles sont des subventions indirectes aux producteurs étrangers». Il citera aussi le cas del'Enseignement supérieur où le ticket de restaurant universitaire demeure à 1,20 DA, ou encore celui du transport, celui de l'eau et enfin de l'électricité. Les structures hospitalières ont bénéficié d'une subvention de 454 milliards de DA dans le cadre de la loi de finances 2010, mais la qualité des soins reste médiocre, a-t-il signalé. L'économiste rappelle que «toutes les caisses sont aussi subventionnées par l'Etat», même si «51% de la population ne cotisent pas, selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) que l'Etat devra encore prendre en charge». Il s'est interrogé sur l'utilité de ces subventions «injustifiées» puisque «les Algériens ne sont jamais descendus dans la rue pour réclamer du pain». Il estime qu'elles n'ont assuré ni la paix sociale puisque le gouvernement a annoncé 9000 émeutes en un an ni la stabilité «car notre économie n'arrive pas à se diversifier hors hydrocarbures».