La France modère sa position vis-à-vis du colonel Kadhafi, en envisageant désormais la possibilité qu'il reste en Libye s'il ne participe pas à la vie politique ; une condition une fois réalisée mènerait à un cessez-le-feu. Paris n'exclut plus l'hypothèse que Mouammar Kadhafi ne quitte pas la Libye, s'il accepte de rester à l'écart de la vie politique. C'est ce qu'a déclaré hier le chef de la diplomatie française sur la chaîne d'information LCI, en faisant même une condition préalable à un cessez-le-feu. “L'une des hypothèses envisagées, c'est qu'il séjourne en Libye, mais à une condition, c'est que très clairement il se mette à l'écart de la vie politique libyenne. C'est ce que nous attendons avant de déclencher le processus politique du cessez-le-feu”, a en effet affirmé Alain Juppé. Il joutera que “le cessez-le-feu passe par l'engagement formel et clair de Kadhafi à renoncer à ses responsabilités civiles et militaires”. Cela suppose que Mouammar Kadhafi ne soit pas livré à la Cour pénale internationale (CPI) qui a délivré un mandat d'arrêt contre lui. Pour rappel, la CPI a délivré des mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre le colonel Kadhafi, son fils Seif El-Islam et le chef des services de renseignements libyens Abdallah Al-Senoussi. Sur ce point, Juppé indiquera que “c'est un point qui n'est pas en discussions aujourd'hui. Il y a des procédures qui doivent être poursuivies et on verra ensuite dans le cadre des négociations les conséquences qu'il faut en tirer”. Ces déclarations du ministre français des Affaires étrangères interviennent au moment où les contacts diplomatiques se multiplient pour parvenir à une solution politique en Libye, entre représentants du régime de Tripoli notamment et des responsables américains ou russes. La semaine dernière, Alain Juppé avait lui-même affirmé qu'il y avait des contacts avec le régime de Mouammar Kadhafi, mais pas de véritable négociation. Pendant ce temps, des chefs militaires rebelles de la ville libyenne de Misrata réclamaient au président Nicolas Sarkozy davantage d'aide de la France pour conquérir Tripoli, assurant être en mesure de faire tomber le bastion de Mouammar Kadhafi. Ils étaient accompagnés par un représentant politique de la ville de Misrata au sein du Conseil national de transition (CNT), l'organe représentatif de la rébellion libyenne. Ceci étant, Mouammar Kadhafi s'est dit prêt à résister jusqu'au bout, au moment où Washington estimait qu'il perdait le contrôle du pays et la rébellion se préparait à de nouvelles attaques. Se voulant optimiste, la Maison-Blanche a affirmé que “tous les indicateurs” montraient que le dirigeant libyen perdait prise sur son pays. “Il contrôle de moins en moins de territoire, l'opposition est à l'offensive dans de nombreux endroits du pays” et “l'approvisionnement de Kadhafi en carburants et en argent liquide est interrompu”. Selon une responsable américaine, une rencontre “récente” a réuni de hauts responsables américains et des représentants du régime hors de Libye, pour exhorter Kadhafi à céder le pouvoir. Pour le ministre français de la Défense Gérard Longuet “le compte à rebours est engagé” pour le départ du leader libyen.