RESUME : Mohand entame son récit et raconte en détail à Belkacem ce qui s'était réellement passé lorsque Ghenima lui avait appris qu'on voulait la marier à Aïssa. Il lui apprend aussi qu'il l'avait encouragée à retourner à la maison, et avait espéré que le comité de la djemaâ pourrait trouver une issue à toute cette affaire. 86eme partie Belkacem acquiesce : - C'est ce que nous espérions tous, hélas Aïssa avait bien calculé son coup. - Oui, mais je ne l'ai pas admis, je ne pouvais accepter de laisser Ghenima épouser cet homme. Ma réaction a dû en surprendre plus d'un. - Exact. Je ne m'attendais pas du tout, à te voir ainsi te démener comme un diable, lorsque la sentence fut prononcée. - Le jour même, j'ai été voir Aïssa, je voulais le détruire, l'anéantir, lui faire comprendre que je ne pouvais rester de marbre devant tant d'injustice. Mohand tremblait de rage, et Belkacem ne douta plus des sentiments que portait Mohand à sa sœur. Il lui touche l'épaule : - Tu as pris bien des risques, Mohand, alors que tu savais que Ghenima était officiellement mariée à Aïssa. - Oui, je me suis fait bien arranger comme tu vois, mais je ne regrette pas d'avoir osé affronter ce voyou, mangeur de femmes. Il se croit tout permis avec son argent et ses biens. Mais il se trompe. Ni l'honneur, ni la noblesse, ni encore moins l'amour, ne pourraient s'acheter. Tout est dans la lignée. Dans le sang, le cœur, et l'âme de chacun de nous. Nous ne pouvons déjouer les lois de la nature. - Bien dit Mohand, mais mon père ne pensait pas que les choses allaient prendre une telle tournure. - Da Kaci s'est fait coincer. Il avait pris la proposition pour une blague, et pensait que Aïssa allait se rétracter. Que c'était juste une mauvaise farce de sa part. Mais pour ceux qui le connaissent, Aïssa ne lâche jamais prise. C'est un homme sans scrupules, qui est prêt à entreprendre n'importe quoi pour arriver à ses fins. Avoir pour femme, une fille comme Ghenima! Quel rêve ! Quelle ambition ! Il n'avait pas caché sa fierté après la récitation de la fatiha, d'avoir pu mettre la main sur le plus beau morceau du village. Sans aucun remords, sans aucune décence. Il répétait à qui voulait l'entendre, qu'il était encore vigoureux, et viril, et pouvait donner du plaisir à une femme qui en temps normal aurait pu être sa petite fille. Belkacem se rappelait la scène. Il crispe les poings en revoyant le visage grisâtre de son père, et son air courroucé. Aïssa pensait avoir gagné haut la main la partie, mais tous les villageois savaient qu'il avait triché jusqu'au bout des ongles devant la crédulité d'un honnête père de famille, qui ne connaissait de la perfidie que le nom. - J'étais loin de penser que les choses pouvaient se gâter. C'était trop vite conclu. Aïssa avait fait jurer Da Kaci, qui ne pouvait nier son engagement, et avait sur le fait demandé qu'on récite la fatiha. Une manière pour lui de conclure “le marché” et de mettre le grappin sur une innocente comme Ghenima. Mon oncle Saïd, qui est membre de la djemaâ était sidéré, et n'avait cessé de répéter qu'un mariage n'était pas une loterie. Hélas ! Devant l'insistance de Aïssa et la hantise de ton père, on ne pouvait que s'incliner. Les dés étaient jetés, et la voie tracée des mois à l'avance. Tu imagines donc Belkacem, que je ne pouvais me retenir. J'ai pleuré de rage…. !. Tu m'entends ? J'ai pleuré de rage. Belkacem met une main compatissante sur le bras de Mohand : - Calme-toi, calme toi, tu oublies qu'on est ensemble, et que tu n'es pas dans une arène, mais dans ta grange, ton atelier…. (À suivre) Y. H.