Le Belarus et le territoire rebelle géorgien d'Ossétie du Sud ont fraîchement accueilli les propos du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, appelant à leur fusion avec la Russie comme du temps de l'URSS. Le ministère bélarusse des AE a indiqué n'avoir aucun commentaire à faire sur le sujet, sinon que le président Alexandre Loukachenko a toujours été un ardent défenseur de l'indépendance de son pays. Celui-ci a dit clairement que la souveraineté nationale avait un “caractère saint” pour les Bélarusses et n'était pas un sujet de négociation. Poutine qui escompte reconquérir le Kremlin qu'il avait cédé à Medvedev, un ami d'université dont il avait assuré la promotion politique, en 2012, a fait cette annonce lors d'un forum de jeunes de son parti majoritaire à la Douma. Et ce n'est certainement pas un hasard si Poutine, qui a accompli deux mandats à la tête de la Russie avant de se nommer Premier ministre, s'est fait poser cette question. Déjà en 2005, à l'inauguration de son second mandat, il jugeait que la chute de l'Union soviétique était “la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle”. “C'est possible, très souhaitable et cela dépend entièrement de la volonté du peuple bélarusse”, a-t-il estimé, avant de dire au jeune Bélarusse qui l'interrogeait : “Battez-vous pour cela !” La Russie entretient des rapports étroits mais compliqués avec son allié, l'autoritaire Alexandre Loukachenko. Moscou a volé au secours du Belarus en juin en débloquant un crédit de trois milliards de dollars pour aider l'ex-république soviétique à sortir d'une grave crise économique. La Russie est aussi sur les rangs pour acquérir les plus beaux actifs bélarusses, d'autant que les pays occidentaux ont imposé des sanctions à Minsk en raison de la répression de l'opposition, dont plusieurs chefs ont été emprisonnés depuis l'élection présidentielle de décembre. Poutine a exprimé une position similaire au sujet de l'Ossétie du Sud, petite région pro-russe du nord de la Géorgie dont Moscou est la seule capitale à avoir reconnu l'indépendance après la courte guerre russo-géorgienne d'août 2008. Tbilissi, par contre, a dénoncé ces propos, jugeant qu'ils montraient “que l'objectif de la Russie était d'annexer les territoires géorgiens”, selon le vice-président du Parlement géorgien, Mikhaïl Matchavariani. Même l'Ossétie du Sud, petite terre de 50 000 habitants, occupée par Moscou, n'a pas adhéré aux déclarations de Vladimir Poutine. “Notre peuple a fait son choix pour l'indépendance lors d'un référendum en 2006, et nous n'avons aucun projet de devenir un territoire de la Fédération de Russie”, a répondu l'ambassadeur sud-ossète à Moscou, Dmitri Medoïev, à la radio Echo de Moscou. Il a cependant dit que son territoire était prêt à intégrer l'Union Russie-Belarus, une alliance politico-économique aux contours et aux prérogatives mal définis. Pour autant, les déclarations de Poutine sont avant tout à usage interne et destinées à répondre à l'ambition de grandeur de nombreux Russes, au moment où le pays entre en période électorale, législatives en décembre 2011 et présidentielle en mars 2012.