Le président russe Dimitri Medvedev et son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko se sont accrochés hier à propos de la reconnaissance de l'indépendance de deux républiques géorgiennes pro-russes, l'Abkhazie et l'Ossétie. Le clash suscite déjà des interrogations sur l'avenir déjà tendu des relations entre les deux pays. Alexandre Loukachenko, longtemps l'un des alliés les plus fidèles de Moscou, a accusé le président russe d'avoir déformé ses propos sur la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, républiques géorgiennes séparatistes pro-russes. Moscou a réagi promptement, accusant le président biélorusse de se contredire et le menaçant de publier l'intégralité des transcriptions d'une rencontre officielle pour étayer ses accusations. «Ce n'est pas à Alexandre Grigorievitch [Loukachenko] de parler de contradiction […] C'est à lui que ce mot s'applique parfaitement», a déclaré un conseiller politique du président russe dans un communiqué diffusé par les agences russes. Selon Medvedev, le président biélorusse aurait affirmé sa volonté de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, enjeu du conflit russo-géorgien de 2008, lors d'une rencontre régionale de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), mais n'a pas respecté sa parole. De son côté, Loukachenko soutient avoir dit que Minsk pouvait reconnaître l'indépendance des deux républiques, mais que ce dernier devait en étudier les conséquences sur ses relations internationales. Cet accrochage intervient alors que les relations entre Minsk et Moscou, considérés un temps comme les alliés les plus proches de l'ex-espace soviétique, se sont tendues ces derniers mois. Objet du courroux de Moscou : la volonté manifeste de Loukachenko de se rapprocher de l'Occident. Et les derniers développements sur le terrain ne sont pas pour rien dans le raidissement des relations entre Moscou et Minsk. Vendredi dernier, la Biélorussie, considérée par les Etats-Unis comme la dernière dictature d'Europe, a donné son accord pour entretenir «des contacts réguliers» avec Washington. Fin juin, une crise gazière avait éclaté entre les deux pays, provoquant une grande inquiétude dans l'Union européenne. L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont été au cœur du conflit éclair entre la Russie et la Géorgie en août 2008. La confrontation s'est soldée par la reconnaissance par Moscou de l'indépendance des deux régions. R. I.