Les portes d'entrée des appartements de l'immeuble G de la cité Bois-des-Pins, Hydra, fracassées et les fenêtres brisées, les débris de verre ainsi que des pierres jonchent encore sur le sol de ce quartier qui a connu, selon les témoignages de ses habitants, des violations de domicile et une répression policière “surdimensionnée” jeudi dernier vers 5h du matin. Trois interpellations, 27 personnes blessées, notamment par des balles en caoutchouc, et destruction de biens privés, tel est le bilan dressé par les riverains. Hier encore, les habitants de cette cité ne décoléraient toujours pas. Réunis avec l'association des sages du quartier et les moudjahidate, notamment Fattouma Ouzegane, ils réfléchissaient aux moyens de libérer leurs voisins M. Mehani Abdelghani, 62 ans, porte-parole de l'association et ex-journaliste du quotidien El Moudjahid ainsi que le jeune Ayada Toufik. Interpellé jeudi à 5h du matin, M. Mehani a été passé à tabac, selon sa famille, puis conduit à l'hôpital où il a eu 32 points de suture. Dernière nouvelle, il est au commissariat central d'Alger et il a refusé de signer le PV de la police. Les deux personnes arrêtées disent entamer une grève de la faim. “Venez donc voir ma mère, âgée de 82 ans, malade et hémiplégique, qu'on a bousculée, je ne pardonnerai jamais. Lorsqu'on s'introduit chez les gens à 5h du matin sans mandat de perquisition, qu'on se fait malmené, il s'agit de violation de domicile. C'est la pudeur qui m'empêche de répéter les obscénités qu'ils disaient”, s'indigne-t-elle. Les habitants de ce quartier refusent de lâcher prise et se disent avoir des documents officiels qui protègent le Bois-des-Pins dont un, provenant de la wilaya d'Alger, daté de 2007, et dont nous avons obtenu une copie. Il stipule que “le caractère d'utilité publique de certains projets d'infrastructures ne saurait justifier en aucun cas les défrichements systématiques des espaces verts ou l'abattage des arbres dont certains sont centenaires, devenus avec le temps des éléments indissociables du patrimoine communal”. Par ailleurs, les citoyens de ce quartier soutiennent l'hypothèse que des personnalités influentes sont derrière ce projet. “Elles ont spolié des milliers de terrains de ce pays mais elles n'auront pas ce bois qui appartient au quartier”, a déclaré Fattouma Ouzegane. Elle a annoncé qu'une lettre sera bientôt envoyée aux représentants du gouvernement, notamment au DGSN et que de nouveaux faits et des preuves seront dévoilés.