Depuis le début de la distribution du couffin du Ramadhan, des échos de diverses sources font état de produits périmés offerts aux nécessiteux alors que la valeur du couffin varie d'un quartier à l'autre à travers toute la wilaya d'Oran. Même le président de la FAC (Fédération algérienne des consommateurs) est monté au créneau pour exiger plus de vigilance sur la qualité des produits offerts aux restos d'Errahma et aux démunis durant ce mois sacré de piété et de générosité. À Oued Tlélat, le maire, face à la pression des mécontents, a saisi la presse pour balayer d'un revers de la main les informations faisant état de produits périmés dans le couffin du Ramadhan de sa commune : “Ce sont des rumeurs. Nous avons ouvert 15 points de distribution pour faciliter la tâche aux bénéficiaires et tout se déroule normalement.” Mais les réclamations persistent : “Le café est imbuvable, et la farine de très mauvaise qualité. Venez voir un morceau de pain de cette farine”, nous interpelle un nécessiteux. “Les pruneaux sont immangeables. Nous les avons jetés à la poubelle, hier soir. Figurez-vous qu'une mère de famille a trouvé 12 kg de couscous et 12 kg de chorba dans son pack seulement”, renchérit un autre bénéficiaire, père de 4 enfants. D'autres n'hésitent pas à dénoncer cette pratique de l'APC : “Nous ne sommes pas des mendiants. C'est l'argent du contribuable qu'ils (les élus) dépensent”, crie haut et fort une mère de famille devant un dépôt de distribution. Face à ces allégations, il fallait vérifier ces infos persistantes sur un scandale sanitaire qui nuit à la crédibilité des services de l'hygiène et de la qualité. Jeudi, à 17h30, nous nous sommes rendus à l'un des 15 points de distribution. Et là, quel scandale ! De visu, nous avons découvert l'impensable. Jugez-en : les pruneaux, dans un sachet en plastique où est écrit : légumes secs-70 grammes au lieu d'un kg de pruneaux, et la date de péremption, complètement effacée, est illisible. Les raisins secs sont emballés dans un sachet où il est mentionné pruneaux sans aucune date de péremption. La boîte de tomate (fabriquée en juin 2009) est totalement périmée puisque la date d'expiration mentionnée est juin 2011, ainsi que la boîte de chorba (cheveux d'ange). Le sac blanc de farine ne contient aucune indication. Le café est rempli dans des bourses en papier, fermées à l'aide d'une agrafeuse, et seule une date inscrite par un dateur figure sur les bourses mal emballées. Cependant, les sacs de semoule viennent d'une semoulerie de la commune d'El-Kerma, selon les inscriptions sur le sac de 10 kg. Les agents chargés de la distribution du couffin n'en revenaient pas face à cette tricherie de grande ampleur. “Comment peut-on arriver à ce stade d'irresponsabilité ?” s'interroge l'un d'eux.