L'embrasement des quartiers populaires s'est étendu hier en Angleterre, alors que le Premier Ministre, David Cameron, annonçait sa main de fer… Londres en état de siège ! Berlin, Rome, Paris, La Haye, Lisbonne et Madrid ont donné des consignes de prudence à leurs ressortissants. Hommes politiques et policiers britanniques ont écourté leurs vacances. Le Parlement déclare sa session ouverte. Cameron menace de faire donner l'armée ! On n'avait pas vu de telles émeutes depuis plus de 25 ans en Grande-Bretagne. La flambée de violence qui a débuté samedi n'a pas faibli, et mardi, le Premier ministre, rentré précipitamment de vacances en Toscane (Italie), augmentait le nombre de policiers de 6 000 à 16 000 pour tenter d'endiguer la révolte. Des émeutes qui ont abouti hier à la mort d'un homme de 26 ans touché par balle et qui est décédé des suites de ses blessures. Des violences qui ont touché non seulement des quartiers sensibles et défavorisés, mais se sont aussi étendues à des secteurs résidentiels et aux villes de Birmingham, Bristol, Liverpool et même Manchester, touchée par les pires violences en 30 ans, selon la police locale, alors qu'elle en est familière avec ses hooligans de supporters. Par ailleurs, Londres a dû ajourner ses manifestations sportives. La Fédération anglaise de football, la FA, a annulé le match amical de mercredi entre l'Angleterre A et les Pays-Bas prévu à Wembley, pour déployer les forces de police, mobilisées d'ordinaire pour assurer la sécurité aux abords du stade. Des matchs de Coupe de la Ligue anglaise ont également été annulés alors que la première journée du championnat anglais pourrait également être menacée. Même le sacro-saint cricket devait être sacrifié, la rencontre de cricket entre l'Angleterre et l'Inde devait se dérouler à Birmingham qui a également brûlé. Des scènes de guérillas urbaines avec une police qui a peiné à contrôler la situation, malgré un demi-millier d'arrestations à travers le pays. A l'origine de ces violences, la mort, le 4 août de Mark Duggan, 29 ans, un père de quatre enfants, tué par la police à Tottenham, un quartier pauvre de la capitale. Ces violences sont le fait de très jeunes manifestants, parfois âgés seulement d'une dizaine d'années, issus de la communauté noire, mais pas seulement. En revanche, tous viennent des quartiers les plus pauvres où le chômage est massif et les perspectives inexistantes. Un mouvement qui pratique tout à la fois, la casse et le pillage, bien différent, par exemple, des “indignés” espagnols déterminés mais pacifiques. Les jeunes casseurs britanniques utilisent eux aussi à fond les réseaux sociaux, au point où Cameron envisage de couper les réseaux du portable, comme Moubarak avant sa chute ou Bachar al-Assad, le boucher de Damas. En réalité, le gouvernement britannique ultra libéral, cueille là les fruits de sa politique antisociale et liberticide. La plupart de ses concitoyens, même les Anglais à tête blonde, accusent la politique antisociale des gouvernements qui acculent les plus défavorisés au désespoir, réfutant l'explication de Cameron, qualifiant les révoltés de “criminels”. Les bouchers de Damas, de Tripoli et de Sanaa n'en pensent pas moins de leur population en révolte. Les mêmes causes engendrent les mêmes effets. Des incidents aussi violents ont eu lieu dans les quartiers défavorisés de Birmingham, Bristol ou Liverpool il y a une trentaine d'années, lorsque Margaret Thatcher, la Dame de fer avait déclaré la guerre non pas à la pauvreté mais aux pauvres. Cameron qui a, il est vrai, hérité d'une situation délétère n'a pas trouvé mieux que de réinventé le thatcherisme en supprimant les derniers amortisseurs sociaux, couches sociales les plus défavorisées qui subissaient déjà de plein fouet la crise et le chômage. Plus d'aides sociales pour la santé, l'alimentation et le logement et école payante. Les mesures ont touché en premier lieu les populations immigrées, dont la jeunesse est maltraitée par les forces de l'ordre, renforçant le sentiment de racisme. Ces jeunes disent qu'il n'est plus possible pour eux de commencer la vie sans espoir, sans ouverture, sans possibilité de trouver sa place dans la société, d'acquérir son autonomie. “Les jeunes diplômés ne trouvent pas d'emploi et ceux qui n'ont pas accompli de cursus scolaire n'ont plus que la bande comme solution. Quand on n'a plus d'identité sociale, il ne vous reste plus que l'appartenance à une bande pour exister.” Tout est résumé dans ce concentré qui, en fait, touche le monde entier, au Nord et dans le Sud. Voila pourquoi, ce sont des morceaux de révolution qui se produisent un peu partout. Bout à bout, cela pourrait faire une révolution mondiale. Est-ce l'effet dominos du printemps arabe ? Réflexe importé de la place Tahrir, épicentre de la révolution égyptienne, les Londoniens sont descendus dans la rue pour nettoyer et effacer les dégâts.