Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, a effectué, en octobre, une visite impromptue dans cet établissement et a déploré la véracité des griefs colportés. Il avait promis de prendre des mesures énergiques. La population attend. L'Etablissement public hospitalier Docteur Okbi, de 240 lits, édifié au début des années 1980, avait été conçu pour prendre en charge d'une manière efficace les malades de la wilaya de Guelma, qui s'adressaient, par le passé, aux CHU d' Annaba et de Constantine. Cette importante infrastructure sanitaire, un imposant R+4, a été accueillie avec satisfaction par la population guelmie, ravie de disposer enfin des services de chirurgie, maternité, pédiatrie, orthopédie, médecine interne, ophtalmologie, ORL, etc... Durant les premières années, les prestations de service étaient parfaites, et d'aucuns louaient la compétence, le sérieux et le dévouement du personnel médical, paramédical et du staff de cet hôpital. Malheureusement, la situation a commencé à péricliter sérieusement au début des années 2000, et le changement de quatre DSP et de cinq directeurs de cet EPH, en l'espace d'une dizaine d'années, n'a pas été bénéfique. Cette dérive avait été décriée par des malades, des élus locaux, des représentants du mouvement associatif et de la société civile lors des rencontres périodiques initiées par les autorités locales. Un reportage inopiné, réalisé en septembre dernier par une équipe de la Télévision nationale, avait mis à nu les dysfonctionnements et les graves carences de cet hôpital. Début octobre 2010, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, effectue une visite impromptue dans cet établissement et déplore la véracité des griefs colportés. Il écoute les différentes parties et promet de prendre des mesures énergiques pour assainir ce secteur stratégique. Mais que se passe-t-il à l'hôpital Okbi ? Chacun s'accorde à dénoncer la mauvaise prise en charge des patients, le manque d'hygiène, le mauvais accueil, l'absence de médecins spécialistes, les évacuations fréquentes vers le CHU d'Annaba, etc... Lors de la session de l'APW qui s'était déroulée la veille du mois du Ramadhan, ce dossier sensible avait été longuement débattu, et des insuffisances flagrantes ont été dénoncées par les élus. Le wali avait réagi en instruisant le nouveau DSP d'assainir rapidement cette situation qui pénalise toute la population. Le chef de l'exécutif a été très clair : “Les chirurgiens, les gynécologues, les médecins spécialistes d'une manière générale, doivent assurer concrètement leur service et leur garde de nuit ainsi que les jours fériés ! Appliquez la réglementation et aucune défaillance ne sera tolérée !” Les choses n'auraient pas évolué d'un iota en dépit de ces mises en garde. Un futur papa, qui accompagnait son épouse à la maternité de cet EPH cette semaine, après le f'tour, nous raconte : “L'hospitalisation a été refusée par les sage-femmes, qui arguaient l'absence, cette nuit-là, d'un gynécologue. Appréhendant un accouchement difficile qui risquait de dépasser leurs compétences, elles nous ont conseillé de nous adresser par nos propres moyens au CHU d'Annaba ! De guerre lasse, je me suis adressé à une clinique privée où j'ai dû débourser une coquette somme !” Les exemples d'évacuation de parturientes sur Annaba sont devenus courants. Les accidentés, les blessés, les femmes en couches, les cas graves sont toujours orientés au CHU d' Annaba dont les services sont toujours débordés puisqu'il accueille quotidiennement les malades des wilayas limitrophes. Le citoyen lambda s'interroge sur l'utilité de l'hôpital Docteur Okbi. Selon des sources crédibles, le service de maternité dispose de quatre gynécologues, celui de la chirurgie et de l'orthopédie d'une pléiade de médecins spécialistes, celui de la pédiatrie d'une dizaine de généralistes et autant de pédiatres, etc... Comment expliquer alors l'absence de spécialistes ? Lors de sa dernière visite surprise à Guelma, le ministre de la Santé avait déclaré que le médecin spécialiste devait assurer 6 gardes par mois, et en cas de nécessité le directeur de l'hôpital pouvait réquisitionner des gynécologues du secteur privé pour assister les patients en danger. De toute évidence, il est aberrant que des services fonctionnent sans la présence de spécialistes alors que ces derniers émargent sur les fiches de paie ! Les gestionnaires de ce secteur stratégiques doivent prendre leurs responsabilités car la situation est alarmante. Un appel pressant est lancé au ministre de tutelle afin d'agir promptement.