De l'humour à la sauce africaine. Des personnages délirants, réels, qui ont un vécu et qui nous parlent. Un jeu de scène maîtrisé, un spectacle bien ficelé où délire et rire font bon ménage, sans overdose. Une communion entre l'artiste et son public. Après une animation musicale de qualité concoctée pour les soirées ramadhanesques, Khaïmetkoum Djezzy à l'hôtel Hilton (Pins Maritimes) change de registre et a donné rendez-vous, vendredi passé, à son public – fidèle et nombreux – pour une soirée 100% humour et rire, avec le comique français d'origine ivoirienne Patson. Il s'est produit en exclusivité en Algérie, devant une assistance frôlant le millier de personnes, Patson, qui vient du Jamel Comedy Club, un petit théâtre, à Paris, qui donne sa chance aux humoristes issus de l'immigration (comme Abdelkader Secteur). À 23h passées, le tant attendu entre sur scène avec une musique rythmée, et une voix off l'annonçant. De son vrai nom Patrice Mian Kouassi, le surnommé le “Beau gosse” et “Ennemi des jeunes femmes” est l'un des humoristes les plus expérimentés du Jamel Comedy Club. Ses débuts, il les fait au sein d'une troupe de théâtre en Côte d'Ivoire. Installé en France depuis une vingtaine d'années, Patson participe à des ateliers de théâtre et suit des cours au Point Virgule et dans un café-théâtre où il est parrainé par Sylvie Joly (humoriste française). S'inspirant de grands comiques (Jean-Miché Kankan, Adama Dahico, Coluche, Bourvil…), la star montante du rire en Hexagone aborde ses origines dans ses spectacles. Dès son entrée sur scène, c'est la communion avec le public qu'il découvre et qu'il arrive à rallier à sa cause – celle du rire et de l'humour. Des boutades et autres vannes fusent concernant les présents, ceux parmi le public qui parlent ou cirent durant le spectacle… Une mise en bouche pour tâter la température. “J'adore vanner tout le monde”, lance-t-il à l'adresse de l'assistance. Humour décapant, africanité et différence revendiquées “Le Patson Show” le spectacle présenté vendredi à Alger a été “un peu adapté à l'actualité algérienne du moment”, à savoir le mois de Ramadhan, avant d'entrer dans le vif du spectacle. Durant près d'une heure trente, l'humoriste a interprété une succession de personnages drôles, attachants, mais qui renvoient à la réalité. À travers eux, il évoque la différence et la richesse culturelle de l'Afrique. Des tranches de vie qui ont rendu les présents hilares. Tour à tour, sont passés les Africains, les Arabes, les femmes qu'il descend au vitriol avant de les réhabiliter et leur [re]donner leur place et leur accorder le rôle qu'elles jouent dans la société. D'autres sujets comme l'intégration ou le racisme en France ont été, entre autres, abordés au second degré, avec humour et pas n'importe lequel. Car même si le but était de rire, c'est des vérités acides que le comique, connu également pour son “jeu de jambes” qualifié, outre-Méditerranée, de “dévastateur”. La délinquance, le manque de civisme de la jeunesse en France – un fléau que nous subissons également en Algérie –, les relations amoureuses, la vie de couple… tels sont les sujets qu'il a abordés, même le président français et d'autres personnalités politiques françaises (ou autres) femmes ont eu droit de cité. Un éventail de personnages de couleur ou d'ethnique constituait la base, voire le terreau du “Patson Show”. Une manière pour lui d'affirmer et de crier haut et fort son africanité, sa différence : “Je suis fier d'être noir, d'être africain”. Et de lancer à l'adresse de la foule : “Vous Arabes, ne changez pas, restez comme vous êtes !” En outre, quelques moments de flottement pointaient ; chose compréhensible car la tâche était ardue : l'humoriste se produisait en terre inconnue devant un public qu'il devait conquérir. Le défi a été relevé avec brio. Un stand-up maîtrisé, ficelé de bout en bout. Avec son humour décapant, Patson n'a pas occulté son public devisant avec lui, l'incluant à chaque sketch. S'il le “vannait” comme il aime le rappeler, c'est pour briser la glace. C'est sur une notre d'espoir que le spectacle se termine : “Le monde c'est le métissage”. Avant de quitter la scène, il improvisa un concours de danse – zouk – avec le public.