La grande nouveauté des kheïmas cette année, c'est une forte présence d'artistes. Chaque soir, des artistes chevronnés et de talent égayent les nuits ramadhanesques des kheïmas. Animant un concert à la kheïma de Hyundai, Baâziz a revisité, en deux heures de spectacle, ses plus beaux succès, sans aucune censure ! Le roi de la controverse, le chanteur Baâziz, connu pour ses textes engagés et son verbe haut, a donné avant-hier soir un concert à la kheïma de Hyundai, face à un public nombreux et conquis. L'entrée de Baâziz a été fracassante ; fidèle à sa réputation et en vrai rebelle des temps modernes, il scande à l'égard du public. “Tout le monde pense que j'ai changé de veste, mais j'en porte une ce soir pour vous provoquer”. En fait, la provocation a été le principal trait de la personnalité artistique de Baâziz. Pour son public, Baâziz a repris ses plus beaux succès, notamment la récente composition Maruti dans laquelle il évoque la corruption. Baâziz a également revisité ses plus beaux tubes, les anciennes chansons qui l'ont fait connaître, qui n'ont d'ailleurs pas pris une ride avec le temps, notamment Anaya el-youm je m'en fous ou encore Dans tous les coins, il y a un barrage. Cet artiste révolté s'illustre dans un style musical bien à lui où l'humour et la satire sont la règle d'or. Ce révolté, qui le crie haut et fort depuis le début des années 1990, épate toujours. Lors de l'interprétation de cette chanson, les présents — hommes et femmes — de tous âges ont repris en chœur les paroles et pour faire le show comme il se doit, Baâziz ne prononçait pas les noms de ses cibles et laissait le public le faire, en clamant : “Ce n'est pas moi qui l'ai dit ; c'est vous qui assumerez”. Cette soirée ramadhanesque était un moment délirant, l'artiste n'a pas mâché ses mots et a continué de donner des coups de poing et critiquer la situation du pays. En fait, Baâziz aborde entre autres, dans ses compositions les maux de la jeunesse et la malvie, dans une société qui recule, chaque jour davantage. D'autre part, Baâziz a également abordé le phénomène des harragas : un fléau enraciné et qui s'accentue. La quête des brûleurs de route est le nirvana, car ils brûlent les routes pour raviver la flamme de la vie, est largement explicité dans la chanson Fi bladi rani mahgour. Muni de sa guitare et armé de son verbe, Baâziz, un vrai show man, a transporté et emporté les jeunes, en effervescence. D'ailleurs, le public était tellement conquis qu'il a repris en chœur, les refrains de Baâziz. La dernière partie du concert a été consacrée à l'incontournable séquence des reprises, notamment à travers plusieurs reprises du cardinal El-Hadj M'hamed El-Anka, ou encore la chanson populaire Dour biha ya chibani. Dans un monde de bruts, l'amour ne fait pas de mal, et c'est pour cela que Baâziz a eu la brillante idée de reprendre sa chanson Roméo et Juliette, qui décrit avec humour et dérision, les histoires d'amour à l'algérienne. Une sorte de “je t'aime, moi non plus”, mêlé à de la “redjla” mal placée. En deux heures de spectacle non-stop, le show man, le révolutionnaire de la musique, a semé la vie et la joie de vivre dans le cœur des spectateurs. “C'est une bouffée d'oxygène pour nous, la preuve même les vieilles dansaient sur sa musique”, a déclaré un jeune du public. Pour son grand come-back, Baâziz a démontré que son talent était toujours le même… alors le charme a opéré !