Longtemps après l'année 2006, demeureront évoquées deux des soirées en attendant d'autres ? passées à la salle Touri Mohamed de Blida. Le groupe Diwane Gnawa de Blida, dirigé par Mohamed Bahaz, a mis en transe une salle comble samedi passé, et Farid Khodja dans le genre haouzi, ce mardi, avec la moitié d'un balcon fréquenté par des femmes dont nombre d'enseignantes qui n'avaient pas lésiné sur les youyous. Une seule ville et deux genres, très éloignés l'un de l'autre, mais qui ont créé la communion chez un public assoiffé de véritable art. Qarqabou, castagnettes, guenbri accompagnaient des paroles où le profane et le religieux se côtoyaient et les danses, allant crescendo dans le rythme, emportaient les nombreux jeunes présents dans la salle. Ces derniers ne pouvaient plus se retenir et c'était à qui entrait le premier en transe. Ce merveilleux public sera encore choyé par le jeu de scène et les loufoqueries des éléments de la troupe El Manar dans la même soirée du samedi où le statut de l'artiste était revu à la lumière de sa propre image renvoyée par quatre jeunes qui ont su caresser dans le sens du poil une salle où plus aucun siège n'était libre. Sérénité, calme, paix intérieure étaient au menu du mardi avec l'artiste Farid Khodja qui a choisi un programme où l'ombre de Dahmane Benachour planait. Les jeunes, bruyants au départ, seront charmés par la voix de l'artiste et le silence sera de mise sans l'intervention des adultes. « La musique de qualité s'apprécie et se fait respecter », dira une enseignante qui s'était fait accompagner par son jeune frère : « Je suis une admiratrice de Khodja et j'attends son 3e CD avec impatience. » Etre bercé en cette nuit ramadhanesque par les sons issus des instruments comme le r'bab, le banjo ou le violon rendait la nuit encore plus douce et la salle ne cessait point ses applaudissements à la fin. Même des larmes couleront des yeux de certains vieilles personnes nostalgiques de temps révolus, tels ammi Chelha Abdelaziz ou ammi Ali Gritli, amis des défunts Benachour, Khodja Mohamed et autre Benguergoura. Musiques algériennes qui ont réussi l'exploit de mettre en délire, pour quelques heures, des jeunes et d'égayer des vieux en mal de nostalgie : c'est l'exploit réalisé pour cette salle redynamisée.