L'attentat kamikaze qui a secoué, avant-hier à l'aube, le centre-ville de Tizi Ouzou, a replongé la population locale dans la psychose et remis au goût du jour le sentiment d'insécurité après une accalmie qui n'a duré que quelques semaines. Hier encore, le commissariat visé par l'attentat était entouré de barrières de sécurité. Des policiers guettent le moindre mouvement. Des passants jettent des regards furtifs sur le commissariat avant de poursuivre leur chemin tout en pressant le pas en empruntant l'autre trottoir sous un climat pesant. Vingt-quatre heures après cet attentat, qui a fait 33 blessés et d'importants dégâts matériels dans le centre-ville de Tizi Ouzou, toutes les discussions portaient encore sur cet acte terroriste qui entraîne inévitablement palabres, analyses et, parfois même, d'interminables polémiques. Il n'est que 11h, et il ne reste déjà presque plus de journaux dans les kiosques. C'était la ruée durant les heures qui ont précédé, témoigne un libraire du centre-ville. “Nous ne sommes pas sortis de l'auberge ; la situation devient plus inquiétante. Des attentats atteignent le centre-ville, au moment où un dispositif policier aussi impressionnant est mobilisé dans la ville”, commente, en hochant les épaules, Farid, un commerçant qui s'affairait toujours à réparer les dégâts subis par son magasin. Quant au kamikaze, l'identification des parties de son corps déchiqueté sont toujours en cours dans les laboratoires de la police scientifique, ont précisé des sources sécuritaires qui affirment que le kamikaze a emprunté la route de l'hôpital avant d'arrêter, devant la première sûreté urbaine de la ville, la camionnette piégée, une Toyota Hilux subtilisée par des individus armés, quelques heures avant l'attentat, à un particulier à Béni Douala et qui n'a été relâché qu'après l'explosion, sans doute pour ne pas signaler le véhicule volé. Aux yeux de la population locale, l'attentat de dimanche sonne comme un défi lancé aux autorités par les groupes terroristes qu'on dit affaiblis, mais qui sont décidément prêts à exploiter toute faille pour prouver que leur force de nuisance est toujours là. on rencontre toutefois des habitants qui disent être convaincus que si le terrorisme a pu frapper au centre-ville, c'est que rien ne pourra l'empêcher de frapper partout ailleurs dans la région. Une inquiétude de plus qui vient s'ajouter à celle déjà engendrée par la longue série de 65 kidnappings, d'attentats à la bombe, dont les derniers remontent au mois de juillet à Azazga et Azeffoun, des faux barrages et des rackets qui surprennent par intermittence partout dans la wilaya de Tizi Ouzou.