La poursuite des négociations à Djerba entre représentants des rebelles et de Kadhafi, malgré la confusion qui les entourent ainsi que les prises de villes proches de la capitale Tripoli, notamment Zaouia, par les insurgés, laissent supposer une fin proche du régime en place. Les rebelles affirment que la fin du régime de Mouammar Kadhafi est très proche. Ils avancent même la fin du mois de Ramadhan comme échéance. Ainsi, les jours du colonel Kadhafi seraient comptés à la tête de la Libye, si l'on juge par le ton très optimiste de Mansour Saif al-Nasr, un des porte-parole de la rébellion, lequel a déclaré hier : “Nous entrons dans une phase décisive, bientôt nous libèrerons tout le Sud de la Libye. Nous espérons fêter la victoire finale en même temps que la fin du Ramadhan”. Il se base sur les succès militaires contre les troupes de Mouammar Kadhafi dans plusieurs villes clés sur la route de la capitale. “Nos forces contrôlent totalement Zawiyah, qui ouvrira la porte vers Tripoli. Ceci permettra à la population de s'y révolter”, a ajouté la même source. L'autre signe confirmation la mauvaise posture du régime libyen actuel est l'ouverture de négociations directes avec les rebelles. En effet, en dépit de la confusion entourant ces discussions, il n'en demeure pas moins que les deux parties négocient à Djerba en Tunisie. Un journaliste de la radio tunisienne Mosaïque FM sur place à Djerba, a confirmé hier que des négociations entre des représentants des rebelles et du régime libyen se poursuivaient en présence d'émissaires vénézuéliens du président Hugo Chavez. Selon la même source, qui cite une source proche des négociations, les pourparlers impliquent deux membres du CNT (Conseil national de transition) et deux représentants du colonel Kadhafi, dont un haut responsable militaire. Les discussions, entamées dimanche, se déroulent à huis clos dans un hôtel situé à l'écart de la zone touristique sous haute surveillance policière, indique-t-on également. À Paris, le représentant du CNT a démenti tout pourparler entre les rebelles et le régime, et affirmé qu'aucun représentant des insurgés ne se trouvait à Djerba, tandis que l'ONU avait nié la veille son implication dans ces négociations. Ceci étant, après six mois de conflit, l'étau se resserre autour de Tripoli. Les rebelles ont également progressé ces derniers jours dans la ville de Brega, qui était depuis avril le poste avancé des pro-Kadhafi dans l'Est. L'optimisme des rebelles est partagé par les Américains, qui ont estimé par la voix du porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney qu'il “devient de plus en plus clair que les jours de Kadhafi sont comptés, que son isolement est de plus en plus important chaque jour”. Pour rappel, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait déjà déclaré à deux reprises que les jours du régime libyen étaient “comptés”, le 9 juin lors d'une réunion du groupe de contact sur la Libye à Abou Dhabi et le 13 juillet en recevant son homologue russe Sergueï Lavrov à Washington. Par ailleurs, et à l'occasion des six mois du conflit, Mohammed el-Senoussi, le prince héritier de Libye en exil au Royaume-Uni, a publié hier sur son site internet un texte assurant que la chute du colonel Kadhafi était pour “bientôt” et rendant hommage aux combattants rebelles. “Ils sont des patriotes. Ils sont des héros. Ils sont le vrai peuple libyen”, écrit le prince, petit-neveu du roi Idriss renversé en 1969 par le colonel Kadhafi, appelant à continuer la lutte “pour une société nouvelle qui donne la priorité aux libertés et aux droits du peuple”. Mais, à Tripoli, le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, s'est montré lui aussi optimiste, assurant que l'armée avait le “contrôle total” de Zawiyah et de Sorman, et qu'elle était en train de “traiter la situation” dans plusieurs autres localités de la région en proie à des “bandes armées”.