En six mois de révolte, les rebelles libyens, en passe de devenir l'unique interlocuteur de la communauté internationale, n'ont toujours pas réussi à déloger le colonel Mouammar Kadhafi ? malgré les effets dévastateurs des frappes de l'Otan. L'Alliance atlantique, qui ne sait plus comment sortir du bourbier libyen, commet de plus en plus d'erreurs de frappes. Samedi dernier, des avions de l'Otan ont détruit par erreur un char pris par les rebelles libyens aux forces fidèles à Mouammar Kadhafi, tuant quatre insurgés, dans les environs de Zawiyah à l'ouest. Les rebelles avaient saisi ce char après s'être lancés à l'assaut de Zawiyah, dont ils contrôlent désormais le secteur ouest. Samedi soir, le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a affirmé que les rebelles avaient été repoussés à Zawiyah. En fait, les rebelles ont pris le contrôle d'une partie de la ville de Zawiyah. Ils ont été attaqués peu après par des pro-Kadhafi armés de chars, de mortiers et de mitrailleuses lourdes. Les combats ont été intenses. «Nos forces contrôlent les entrées ouest et sud de Zawiyah et nous avons pénétré sur trois kilomètres dans la ville. Les forces du régime contrôlent l'est et le centre de la ville, où des tireurs embusqués sont positionnés sur le toit de nombreux immeubles», a déclaré le commandant rebelle, Bachir Ahmed Ali. Il a précisé que ses troupes avaient subi de «nombreuses pertes» du fait des tireurs embusqués. Les combats se poursuivaient hier dans la ville, a indiqué le représentant de Zawiyah au sein du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion. «Nous craignons l'arrivée de renforts (pro-Kadhafi) depuis Tripoli», notamment par la mer. «Mais si Zawiyah tombe, nous serons en mesure de contrôler tout l'est de Tripoli jusqu'à la frontière tunisienne, ce sera le début de la fin pour Kadhafi», a-t-il expliqué. Avec cette percée jusqu'à Zawiyah, aux portes de la capitale, les rebelles, venus du djebel Nefoussa, zone de montagnes frontalière de la Tunisie et majoritairement berbère, tentent de menacer le colonel Kadhafi sur son flanc sud-ouest. Sur les deux autres fronts, dans l'enclave côtière de Misrata, 200 km à l'est de Tripoli, comme à Brega, les forces pro-Kadhafi semblent en difficulté depuis quelques jours, même si elles ne cèdent que peu de terrain. Dans la cité pétrolière de Brega, poste avancé depuis des mois des pro-Kadhafi, dans l'Est, les insurgés ont annoncé avoir continué leur progression, toujours avec le soutien des bombardements aériens de l'Otan. Sur le plan humanitaire, les migrants fuyant Libye continuent de débarquer sur la petite île italienne de Lampedusa. Au moins 1500 migrants partis de Libye, sur des embarcations de fortune, ont disparu pendant la traversée de la Méditerranée, depuis le début des combats en Libye à la mi-mars, a estimé début août la porte-parole du HCR en Italie, Laura Boldrini. H.Y./agences