Confronté à un mécontentement croissant, le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a assuré, jeudi, que son gouvernement faisait l'impossible pour mener à bien la transition et conduire le pays aux premières élections de l'après Ben Ali, prévues le 23 octobre. Dans un discours à la Nation en forme de plaidoyer pro-domo, le Premier ministre a défendu pendant 40 minutes le bilan de son équipe, aux commandes depuis fin février dans un contexte très difficile. Notre objectif fondamental est d'arriver à l'élection de la Constituante et d'organiser un scrutin libre et transparent. Si nous n'y arrivons pas, notre gouvernement aura échoué, la révolution aura échoué, a déclaré Essebsi, qui s'exprimait dans l'enceinte du Palais des Congrès devant quelque 250 personnalités politiques et représentants de la société civile. Il a énuméré les difficultés : 700 000 chômeurs, croissance négative de 3% au premier semestre et 900 000 réfugiés passés en Tunisie depuis le début du printemps libyen. Son gouvernement dirige le pays depuis la fin février, dans la foulée de la chute du régime du président Ben Ali, chassé du pouvoir le 14 janvier par un soulèvement populaire. Visiblement sur la défensive, le Premier ministre a affirmé entendre les revendications du peuple mais a demandé de la patience. À l'actif de son équipe, il a cité les mesures d'augmentation générale des salaires ou un projet de plusieurs milliards de dollars de rééquilibrage des ressources en faveur des régions de l'intérieur de la Tunisie. Il a également assuré que son gouvernement respectait l'indépendance de la justice et promis une rupture avec le passé. Plusieurs manifestations anti-gouvernementales ont eu lieu au cours des derniers mois, les dernières en date s'étant déroulées lundi à Tunis à l'appel de cyber activistes, d'avocats, de partis politiques, de syndicats. Les protestataires exprimaient leur colère contre les autorités de transition, certains appelant à la chute du gouvernement de Béji Caïd Essebsi. Une journée qui s'est terminée en affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Le discours du Premier ministre de la transition a été globalement bien accueilli par les représentants des principaux partis politiques que Caïd Essebsi avait consultés la veille. Par contre, Abderraouf Baazaoui, chef du Parti de la modernité, formé par d'anciens membres du RCD, le parti dissous de Ben Ali, a fustigé un discours langue de bois. Et sur les réseaux sociaux, toujours prompts à réagir, les commentaires étaient acides, et déjà de nouveaux appels à manifester contre le gouvernement circulaient sur Facebook et Twitter.