Tous les experts s'accordent à dire que la sécurité alimentaire est une question de souveraineté nationale. Afin d'assurer son alimentation, il est grand temps pour que l'Algérie ne soit plus dépendante totalement de l'étranger. Notre pays dispose en principe de toutes les potentialités possibles pour atteindre un tel objectif. Outre ses richesses et son climat, elle s'est dotée désormais d'une véritable politique agricole qui, aux yeux de tous les observateurs, porte, d'ores et déjà, ses fruits. La politique du renouveau agricole et rural, conçue par le ministre Rachid Benaïssa, a tracé des programmes prioritaires ayant pour fondement l'amélioration et le développement des filières stratégiques de base. Les céréales, les laits, la pomme de terre, les légumes secs, l'huile, les dattes, l'élevage… sont autant de filières qui ont connu des rendements plus que satisfaisants grâce à cette nouvelle stratégie. Cette voie que suit actuellement le département de Dr Rachid Benaïssa conduira, à coup sûr, le pays vers une dépendance de moins en moins affirmée vis-à-vis des pays d'outre-mer. Il n'y a pas de solution miracle, à vrai dire : si l'on veut concrétiser cette autonomie, il faut développer la production nationale. Car, si par malheur, l'on néglige ou l'on abandonne cette dernière, l'Algérie sera encore une fois victime des crises alimentaires mondiales à venir, telle que celle de 2006 où, même avec son argent, elle n'a pu s'offrir beaucoup de produits alimentaires à cause de leur rareté sur le marché international. Autre problématique à laquelle fera face notre pays durant les 20 prochaines années est, sans nul doute, la tendance à la hausse des prix des produits agricoles sur le marché mondial. Cette question a été abordée hier par le directeur général de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), Fouad Chehat, au Forum d'Algeria-Invest. L'on sera ainsi obligé de puiser dans les différents fonds et caisses remplies malheureusement par les seules recettes des hydrocarbures. Plusieurs paramètres plaident pour une telle hypothèse de propension haussière des cours. L'on peut citer les changements climatiques à l'origine de la baisse de l'offre mondiale. Des pays, réputés pourtant pour être de gros producteurs selon les différents produits, ont, à cause de catastrophes naturelles, vu leur production baisser de façon déconcertante. Ce facteur influe négativement sur l'offre mondiale qui devient de ce fait faible et engendre par là même une augmentation des prix. En outre, l'amélioration du mode de vie des populations des pays comme le Brésil, la Chine, l'Inde, suivie d'une hausse logique de leur consommation, fait augmenter leurs importations. En provoquant une rareté des produits, ces nations deviennent donc de sérieux concurrents des autres pays importateurs, tels que l'Algérie, sur le marché international. À cela, il y a lieu d'ajouter, explique M. Chehat, la baisse des progrès de la recherche agronomique au sein des pays développés marquée par une absence de nouvelles techniques. Le conférencier estime que les moyens accordés à la recherche demeurent insuffisants. Pis, “parfois, les agriculteurs sont en avance par rapport aux chercheurs”, reconnaît-il, tout en déplorant l'introduction clandestine de semences porteuses de maladies ou dangereuses qui échappent au contrôle. M. Chehat a mis l'accent, par ailleurs, sur les efforts consentis par le secteur qui a atteint une croissance de 8% au moment où celle de la production mondiale n'a pas dépassé les 2% depuis plusieurs années. Le DG de l'Inra a réitéré la nécessité de garantir une offre en produits locaux à même de répondre à raison de 70% ou 80% à la demande nationale. Car, pour lui, “l'autosuffisance, n'existe pas. Ce n'est qu'une vue de l'esprit. Personne n'est autosuffisant”. Par cette phrase, il veut rappeler le bien-fondé des enveloppes chiffrées en milliards de dollars consacrées aux importations de produits alimentaires…