En décortiquant leurs programmes électoraux ou en les écoutant s'exprimer lors des différents meetings à l'occasion de la campagne, tous les candidats à l'élection présidentielle s'accordent sur la nécessité d'assurer la sécurité alimentaire du pays et faire face au même temps à une facture d'importation très lourde estimée à 8 milliards de dollars. La relance du secteur de l'agriculture semble la mieux indiquée pour y parvenir. Ce thème s'est ainsi imposé de lui-même d'autant plus que la crise financière internationale et ses répercussions sur les économies en développement, se sont fait largement ressentir. Que préconisent-ils à travers leurs programmes pour un tant soit peu, sinon assurer l'indépendance en la matière, du moins alléger le fardeau ? Si nombre de candidats pour lesquels la question est " stratégique ", proposent des solutions " objectives ", d'autres, à défaut de vision claire, la survolent à peine reconnaissant toutefois l'urgente nécessité d'œuvrer pour réaliser cet objectif. " J'oeuvrerai pour concrétiser l'indépendance alimentaire". Il s'agit ainsi non seulement d'assurer la sécurité alimentaire mais d'asseoir définitivement l'indépendance du pays en la matière. Ce slogan a été accroché dans la salle omnisport de Batna lors du meeting inaugural du candidat Abdelaziz Bouteflika. Dans son engagement "à poursuivre la construction d'une Algérie prospère" le candidat entend " valoriser davantage le potentiel de l'agriculture d'abord au service de notre indépendance alimentaire". Bouteflika qui affirme que le cadre législatif pour l'exploitation des terres publiques " a été aménagé et sera finalisé ", promet d'importants soutiens et encouragements aux agriculteurs. "1000 milliards de dinars seront consacrés à la progression vers la sécurité alimentaire du pays pour le prochain quinquennat". Telle est l'autre promesse de Bouteflika qui encouragera dans le même temps l'investissement national et étranger dans l'agriculture, l'élevage et l'industrie agroalimentaire pour satisfaire les besoins du marché national. Il n'omettra pas aussi d'évoquer dans son programme, la pêche qui continuera à bénéficier des encouragements publics " pour mobiliser sa participation à l'alimentation de population. " Le développement de l'agriculture " stratégique " est aussi aux yeux de Mohamed Saïd la solution idoine pour assurer l'autosuffisance alimentaire. Pour ce faire, il préconise une batterie de mesures telles le développement de l'agriculture du Sud et en montagne pour étendre la surface agricole utile et intensifier les surfaces de l'agriculture de transformation, la construction davantage de barrages pour réduire les effets de la sécheresse, l'octroi des prêts à des taux accessibles ou encore la promotion de la recherche scientifique pour améliorer la modernisation des moyens de production. Une alternative aux hydrocarbures Même Topo chez Ali Fawzi Rebaine. Estimant lors d'un récent meeting que l'Algérie est un pays à vocation agricole, il est impératif pour lui de développer l'agriculture créatrice de richesses et d'emplois. Il estime cependant que les investissements dans ce secteur " stratégique " devant assurer la sécurité alimentaire, doivent être en rapport avec la politique visant l'autosuffisance alimentaire et la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations des produits alimentaires dont la facture payée annuellement a-t-il estimé, dépasse 2 milliards de dollars. Considérant que le secteur est une alternative aux hydrocarbures, il plaide dans ce sens pour l'instauration d'une véritable économie de marché fondée sur la concurrence et la compétitivité. Il s'est engagé hier à Laghouat à réhabiliter l'agriculture saharienne. La défense de la souveraineté nationale étant son cheval de bataille, la candidate du PT n'évoque qu'en filigrane dans son programme électoral, les voies et moyens à même d'assurer la sécurité alimentaire et faire face à une facture lourde en la matière. Pour Louisa Hanoune, il s'agit avant tout " de réinstaurer le socialisme ". Elle prône "la restitution de la terre aux agriculteurs, à ceux qui la travaillent, qui en vivent ", en sus d'une aide gratuite de l'Etat dans le cadre d'une réforme agraire. Elle a considéré également lors d'un récent meeting qu'il faut intégrer le secteur de la pêche dans les secteurs dits stratégiques. Elle a affirmé à Ain Témouchent qu'elle oeuvrerait pour la création de conserveries. Djahid Younsi oeuvrera s'il est élu, pour l'édification d'un système économique diversifié " afin que le pays puisse s'affranchir de l'économie de rente, et se libérer l'activité économique des contraintes bureaucratiques et lutter contre le phénomène de l'économie parallèle ", alors que " la sécurité alimentaire sera considérée comme question stratégique." Il opte dans ce sillage pour la protection de la production nationale contre la concurrence déloyale. Des slogans que le candidat islamiste préconise sans pour autant donner plus de précisions sur la manière de s y prendre. Moussa Touati pour sa part, veut " une valorisation des terres et un encouragement des secteurs de production nationale, en particulier l'agroalimentaire" qui mettrait le citoyen dans une position sociale confortable. Il a promis à El Bayadh, un Programme spécial pour aider les éleveurs dans les régions steppiques et d'œuvrer au développement de du secteur de l'élevage en le dotant de moyens en matière de stockage pour faire face à la sécheresse. Bien plus qu'une simple préoccupation, la sécurité alimentaire, au-delà du fait qu'elle nous instruit sur " la bonne gouvernance ", est une question de souveraineté estime-t-on.