L'histoire a justement démontré que la valeur de la foi en Dieu réside dans sa sincérité, et que toute adhésion forcée n'engendre que mensonges et hypocrisie. 12iéme partie et fin En aucune manière les Berbères ne se dressent contre les Arabes parce qu'ils sont arabes ; mais ils se refusent à un enrôlement forcé dans une certaine arabité, celle de la jactance, de l'ostentation, et des velléités hégémonistes. En aucune manière les Berbères ne se dressent non plus contre l'islam en tant qu'islam : ils sont musulmans et se solidarisent avec le monde musulman tant qu'il prône la justice, la tolérance, la modération et le respect de la dignité humaine. Le Mouvement culturel amazigh (MCA) milite, bien sûr, en faveur de la sécularisation de l'Etat et de la laïcité de l'enseignement public, et ne s'en cache pas. Mais il n'est pas laïciste. Il agit dans le respect le plus total de l'un des enseignements les mieux occultés par le clergé de fait qu'est le corps des docteurs de la loi islamique, à savoir qu'il “ne doit pas y avoir de contrainte en matière de religion !” (Coran, sourate II, verset 256). L'histoire a justement démontré que la valeur de la foi en Dieu réside dans sa sincérité, et que toute adhésion forcée n'engendre que mensonges et hypocrisie. Il est certain que la laïcisation des Etats et de I'enseignement public permettra à l'islam de se révéler sous son vrai jour, en tant que religion du savoir et de la raison, et de n'être plus un alibi dont on se sert pour justif¦er bien des ignominies. Le christianisme aussi a connu sa période d'égarement : celle de l'ordalie, de l'autodabé, de l'inquisition et du bûcher. Et les guerres de religion ?! Les guerres de religion interchrétiennes, les guerres de religion intermusulmanes et les guerres de religion entre chrétiens et musulmans ! Des siècles de gâchis, de haines et d'horreurs. Il n'est pire maladie pour un esprit humain que celle qui l'amène à croire qu'il est le seul détenteur de la vérité absolue. À cet égard, il est permis de croire que le concept même de laïcité est en soi, depuis deux siècles, un vaccin salutaire qui a assez bien immunisé l'esprit occidental, et poussé du même coup la foi chrétienne à se soumettre à un réel examen de conscience, où elle a gagné en profondeur, en sincérité, en humilité et en humanité. Aussi les tartufes de tous bords s'ingénient-ils à faire accroire que tout laïc est athée, et aussi recherchent-ils l'affrontement. La violence physique et verbale étant leur arme de prédilection, ils refusent tout débat calme et serein. Pour sa part, à l'inverse, le MCA a banni de son esprit la moindre idée du recours à la brutalité. Il se veut pacifique, pacifiste même, jusqu'à la demière limite, pour peu que les aspirations légitimes des Berbères auraient été prises en considération. C'est de paix que le monde a besoin, et, comme dit le proverbe arabe : “Par la souplesse et la douceur, on obtient plus que par la force !”. Le MCA Iuttera donc pour que la patrie des Imazighen, Tamazgha, soit une terre de prospérité, de fraternité humaine, de générosité, et d'ouverture d'esprit. Mais les Berbères lutteront aussi pour qu'ils se sentent chez eux, en Tamazgha, leur seule patrie, celle que leur ont léguée leurs ancêtres, celle dont ils n'ont spolié personne, et pour laquelle, depuis trois mille, quatre mille, cinq mille ans, ou beaucoup plus, des centaines de générations ont versé leur sang à des fins défensives. Les Berbères offrent en partage ce qu'il y a de meilleur dans leur héritage culturel à l'ensemble de l'humanité. À leurs compatriotes non berbérophones des Etats nord-africains, ils disent simplement : “L'humanisme amazigh s'est infiltré jusqu'au fin fond de vos consciences, à votre insu, et il y vit toujours. Ne I'y comprimez pas, et vous aurez tout compris ! ". À tous les autres peuples méditerranéens, nos partenaires culturels de tous les temps historiques connus, nous offrons notre collaboration pour I'accomplissement, en commun, d'une longue et lourde tâche, celle de combattre méthodiquement l'ignorance et le faux savoir. Ce sont ces deux fléaux de l'esprit humain qui empoisonnent les relations interethniques, intercommunautaires, et internationales souvent. La culture méditerranéenne, dont nous sommes tous imprégnés, et à laquelle chacun de nos peuples a apporté sa pierre d'édifice, ou pour le moins mis sa touche, se doit de ne pas abandonner son rôle dans le travail d'humanisation qu'elle a initié il y a des milliers d'années. Cultivons l'homme, cet extraordinaire produit de la terre ! Fin M. C.