Les vaccins contre la grippe saisonnière ne seront pas disponibles en Algérie avant la mi-novembre. La campagne de vaccination démarrera avec deux mois de retard, mais la saison du hadj risque d'être compromise pour peu que les autorités saoudiennes exigent la vaccination des futurs pèlerins. En temps normal, les lots de vaccins contre la grippe saisonnière sont réceptionnés par l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) à la fin du mois d'août. Cette année, à la même date, le marché n'est même pas encore attribué, selon des sources proches des deux laboratoires soumissionnaires. La genèse de l'affaire remonte à la fin du mois de juillet, quand le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a donné instruction de suspendre le travail de la commission d'évaluation des offres de marché de l'IPA, qui s'apprêtait à commander les vaccins antigrippaux (1,5 million de monodoses, 500 000 multidoses et 60 000 vaccins pédiatriques) à un fournisseur français qui a répondu à l'appel d'offres, lancé en avril dernier, par la présentation d'un dossier technique, une offre financière et surtout des documents administratifs (dont une demande de renouvellement de l'autorisation de mise sur le marché ou AMM de son vaccin dûment enregistrée par la direction de la pharmacie du ministère de tutelle) plus conformes avec la réglementation que le dossier de soumission de son concurrent direct — un laboratoire britannique — qui ne possède pas d'AMM pour son produit. La tutelle a motivé sa décision — qui n'a pas été notifiée par écrit — par l'absence d'échantillons. Un fait inédit, puisque, ordinairement, à cette date-là, les vaccins sont encore en cours de fabrication, car les souches du virus grippal, à base desquelles sont fabriqués les vaccins pour la saison à venir, ne sont identifiées par l'OMS qu'au mois de mars. La démarche usuelle de par le monde est de se référer, dans les critères de choix des fournisseurs, au dossier technique, avec obligation de procéder au contrôle des lots de vaccins à la livraison. Cette année, l'instruction du ministère a astreint l'IPA à attendre l'arrivée des échantillons des produits des deux soumissionnaires, le 11 août dernier, puis procéder à leur analyse. L'opération durera quinze jours, au minimum. Elle devra prendre théoriquement fin le 26 du mois courant, soit un vendredi. Même si la commission d'évaluation des offres de marché se réunit et prend sa décision rapidement, il faudra publier, dans au moins deux supports de la presse nationale, l'avis d'attribution provisoire du marché, et attendre dix jours, délai accordé aux recours, pour entamer les négociations du contrat avec le fournisseur choisi. Une fois cette étape expédiée, l'on passera à celle de l'ouverture de la lettre de crédit, qui s'étalera sur 45 jours au minimum. Ce qui reviendra à conclure que les premiers lots de vaccins antigrippaux ne seront livrés à l'Algérie qu'à la fin du mois d'octobre. À partir de là, il faudra attendre 14 jours, le temps imparti au contrôle des vaccins réceptionnés. En fin de parcours, la campagne de vaccination ne saurait démarrer avant la mi-novembre, soit avec deux mois de retard sur le timing recommandé par l'OMS. Un retard, qui posera certes problème pour les malades chroniques, mais qui risque surtout de compromettre la campagne de pèlerinage pour les Lieux saints de l'Islam. Si les autorités saoudiennes exigent que les futurs hadjis soient vaccinés contre la grippe saisonnière, les Algériens seront lourdement pénalisés par la non-disponibilité des vaccins dans les temps. Nous avons évidemment tenté d'approcher la direction générale de l'Institut Pasteur Algérie pour avoir plus de détails sur cette affaire, en vain.