Là où le virus H1N1 crée l'inquiétude, le vaccin contre la grippe saisonnière suscite la polémique. L'Institut Pasteur n'a réceptionné jusqu'alors que 40 000 doses sur les 1,3 million commandées, alors que la campagne de vaccination devrait avoir déjà démarré. Avec la vaccination obligatoire du personnel médical et des corps constitués, le quota de la population à risque (malades chroniques et les plus de 65 ans), estimée à plus de 4 millions de personnes, a diminué. Si l'année dernière et celles qui ont précédé, les pharmaciens d'officine et les autorités sanitaires multipliaient les campagnes de sensibilisation des citoyens sur la nécessité de se faire vacciner contre la grippe saisonnière, le schéma se configure différemment en 2009. La menace posée par la propagation du virus H1N1, responsable de la grippe A, qui entre dans sa phase la plus dangereuse avec l'amorce de l'automne, se répercute automatiquement par une demande plus forte sur le vaccin contre la grippe saisonnière. Paradoxalement, le vaccin antigrippal n'est pas disponible à la vente en pharmacie. Il ne le sera pas de toute la saison sur décision du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui lui a réservé, exceptionnellement cette année, un usage exclusif aux centres publics de vaccination. À vrai dire, la non-commercialisation du produit dans les pharmacies n'est guère une hérésie mal appréciée. Le fond du problème apparaît sous d'autres profils, dont la non-disponibilité tout court du vaccin au jour d'aujourd'hui, du moins. L'Institut Pasteur Algérie n'a réceptionné jusqu'alors que 40 000 doses de vaccin sur les 1,3 million commandées auprès du laboratoire français Sanofi Pasteur. Ce premier lot est destiné aux futurs hadjis et leurs accompagnateurs. Il est dit que l'Institut Pasteur Algérie a réussi à dégager le crédit documentaire, tel que le stipulent les nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009, pour faire entrer au pays ce quota avant les premiers départs vers les lieux saints de l'Islam. Il peine, néanmoins, à fournir les lettres de crédit pour récupérer le reste de la commande. Il semblerait que l'organisme souffre de problèmes de trésorerie, causés essentiellement par des difficultés à procéder au recouvrement de ses créances détenues auprès des hôpitaux, ses principaux clients. Au-delà, les professionnels de la santé estiment que l'Algérie aurait dû commander davantage de doses de vaccins antigrippaux pour cette année. À peine 100 000 unités supplémentaires ont été demandées au laboratoire français par rapport à 2008, alors que le contexte est irrémédiablement différent avec l'apparition du spectre de la pandémie à la grippe A (H1N1). L'OMS recommande, à titre préventif, la double vaccination contre la grippe saisonnière et la grippe A. “L'Algérie a commandé 20 millions de doses de vaccin contre la grippe A, qui est beaucoup moins meurtrière. On sent, par contre, un laisser-aller pour la grippe saisonnière. Les vaccins achetés sont insuffisants et pas encore rentrés sur le marché national”, exposent des professionnels de la santé. Le directeur de communication du laboratoire Pasteur Sanofi, M. Bayou, assure néanmoins que la commande de l'Algérie sera livrée suivant un planning préétabli, qui arrivera à échéance, au plus tard, à la fin du mois de novembre. La période propice à la vaccination sera-t-elle dépassée d'ici là ? Les avis divergent. Pour les uns, il est plus intéressant de vacciner les sujets à risque, en septembre, au retour des vacances et surtout à la rentrée des classes. Pour d'autres, la campagne devra s'étaler de la mi-septembre à la mi-décembre. Quant à savoir si le laboratoire Sanofi Pasteur est en mesure de fournir davantage de doses si son client, l'Institut Pasteur Algérie, le souhaitait, M. Bayou n'apporte pas de réponse claire. “Je ne peux pas vous le dire”, se limite à dire notre interlocuteur. Il est clair qu'une rallonge de la commande n'est pas à l'ordre du jour à l'heure actuelle. Elle s'impose pourtant dès lors qu'il s'agit d'exposer la population à risque de contracter en même temps la grippe saisonnière et la grippe A (H1N1). En Algérie, les personnes à vacciner impérativement, c'est-à-dire les malades chroniques et les plus de 65 ans, sont évaluées à plus de 4 millions. Le nombre de doses prises par l'Institut Pasteur Algérie est, par conséquent, trois fois inférieur à ce nombre. Du lot global, il faudra déduire les quotas affectés au personnel médical, aux corps constitués et aux candidats au pèlerinage, dont la vaccination est rendue obligatoire par la menace de la grippe pandémique.