Le spectacle Laâb ahmadh (Le jeu s'est désaltéré), produit par l'association Nedjoum El-Fen de Skikda, écrit par Samia Saâdi et mis en scène par Chidooukh Tayeb, a été présenté lundi soir au Théâtre régional de Batna. La pièce pose un problème de société important : les conflits entre le couple, et réveille de vieux volcans. Toute la scène se déroule dans une chambre à coucher. Elle commence par une exposition. On voit une femme, mère de deux enfants attendant son mari qui a pris l'habitude de rester à l'extérieur et de ne rentrer à la maison que tardivement abandonnant ainsi ses devoirs et responsabilités. Tantôt parlant à elle-même (monologue), tant s'adressant au public (aparté), la femme présente la situation initiale de la pièce et le caractère de son mari absent de la scène. L'atmosphère peinte ou décrite renseigne largement sur la situation conflictuelle entre la femme et son époux. La femme ronchonne, grincheuse et nettoyeuse laisse dévoiler ses traits de caractère, qui sont les causes de son malheur. En direction du public, elle jure qu'elle va livrer la guerre. Sur ce fait, c'est l'apparition du mari sur scène rentrant à la maison à une heure tardive. Marchant sur les doigts de pied, il est surpris par sa femme. Une discussion tumultueuse s'engage. Chaque fois qu'elle tente de lui rappeler ses responsabilités et devoirs, il lui rappelle les siens. Les scènes de querelles sont puisées du quotidien algérien. Parfois elles font rire. Le côté plaisant est qu'à aucun moment le couple n'a eu recours à la voix de la violence. Au lieu de mettre un terme à la relation conjugale définitivement et de choisir la voie du divorce, l'épouse, consciente et mûre préfère revenir à une vie conjugale normale, pour préserver son foyer, l'avenir de ses enfants et surtout son mari. Astucieuse, elle choisit le comportement de la douceur, de la délicatesse dans les mots, dans les gestes. En fine psychologue, elle prépare à son mari un milieu ambiant où il trouve sa tranquillité et son bien-être. À la fin du spectacle, les deux époux reviennent l'un vers l'autre, les rapports s'améliorent et la vie reprend de nouveau son cours. Une recette qui semble avoir donné ses fruits. Le changement des types de parole sur scène était bien maîtrisé et a permis de tenir les spectateurs en haleine et créer forja (le divertissement). Tirades, répliques, monologues, dialogues ont permis à chaque fois de briser la monotonie, de créer une atmosphère, de renseigner le public sur les caractères du couple et de comprendre l'histoire et le message véhiculé. Chapeau bas aux comédiens de Skikda.