Après une éclipse, qui a duré des années, le grand compositeur et maestro sort de sa réserve et reprend le chemin de la scène musicale, après s'être pratiquement muré dans sa maison, refusant tout contact avec la presse, coupé définitivement de toute relation avec ses amis musiciens, se dérobant à toute manifestation officielle et se mettant en marge de la société. Mahmoud Chérif revient au bon sentiment et décide de nous faire partager ses pensées musicales, et nous faire profiter de ses belles œuvres actuellement en sommeil qui dépassent les 250 compositions (toutes de nouvelles créations) et cela pour le bien de la musique algérienne. Le rendez-vous est pour bientôt. Ce nom, malheureusement, ne dit plus grand chose aux jeunes d'aujourd'hui, et même à ceux qui écoutent régulièrement de la musique classique ! Seuls quelques musicologues algériens connaissent celui qui a été le compositeur et le maestro de l'orchestre pilote de Constantine et de l'orchestre de l'émission Alhane wa chabab. Savant, rigoureux, ses œuvres ont occupé la première place dans les concerts. Il a été un “incomparable virtuose du luth” témoigne son élève, le compositeur Ounissi Mohamed. Il est également reconnu comme l'un des plus importants compositeurs de la fin des années 1970 et du début 1980. Son influence dans l'Est algérien et dans la wilaya de Batna, a été considérable. Mais avec les événements malheureux, sa musique, de même que son nom, furent vite oubliés. Outre la musique, il s'est révélé un poète de premier plan de son époque. Dès son plus jeune âge, il se montre aussi d'une mémoire incroyable, très doué et d'une aisance innée pour la musique alors que personne autour de lui ne semblait intéressé par cet art. Remarqué très vite, il bénéficie d'une bourse d'études en Egypte où il montre de grandes facilités pour la composition. De retour au pays, il se consacre à l'enseignement de la musique – laissant un souvenir impérissable au lycée Ben- Boulaïd – et à la composition. Ses élèves lui vouent une vénération démesurée. En 1980, le jeune compositeur voit sa renomination gagner les cimes. Cela aura pour conséquence de l'inciter à composer beaucoup pour le chant choral, soit a cappella, soit avec grand orchestre, ce qui correspondait très bien à son génie musical. Les concerts qu'il organisait alors commençaient à le mettre en lumière. On commençait à s'intéresser à sa production et ses œuvres. Malheureusement marginalisé par les responsables de la ville à l'époque, il se retire. Ce fut une grande déception! Dégoûté, il se consacrera alors uniquement à la composition des œuvres qu'il couve depuis longtemps. C'est pour lui un crève-cœur de se voir privé du contact avec ses élèves, avec les musiciens et son public. Il se retire totalement du monde musical, terré dans sa villa dont il ne sortira que très peu, coupant toutes relations avec le milieu de la culture, refusant systématiquement tout ce qu'on lui propose d'honorifique. Ce retrait sera très mal vécu. Il ne le surmonte que grâce à la composition. Dans l'oubli, prolifique, il compose plus de 250 nouvelles pièces. “J'aime tous les genres de musique”, confie-t-il. Hélas! Il restera oublié... longtemps. Pourquoi ? Le problème est complexe, mais nous nous contentons, pour payer notre dette de reconnaissance à son dévouement à la musique, de signaler un des quelques grands musiciens dont les œuvres méritent la connaissance.