Une fois de plus, la rentrée scolaire promet d'être chaude. Et pour cause, le spectre de la grève plane de nouveau sur le secteur de l'éducation nationale. Ainsi, plusieurs syndicats autonomes menacent de renouer avec la protestation pour porter leurs revendications. À l'origine de cette colère, selon les syndicats, le “désengagement du ministre de l'Education nationale concernant la révision du nouveau statut particulier et du régime indemnitaire, et la gestion des œuvres sociale”. Les promesses de Benbouzid avaient buté, pour rappel, sur le gel de la grève. Mais, une année après rien n'est encore fait. D'où le climat de non-confiance qui s'installe entre les deux parties. Conséquence de cette politique, plusieurs syndicats, à l'instar du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), ont décliné l'invitation de la tutelle de revenir à la table des discussions pour tenter de désamorcer la situation. Mais le ministre a du mal à convaincre du moment que les syndicats qualifient d'ores et déjà ces rencontres d'échec. D'après eux, leur tutelle n'a jamais manifesté une réelle volonté quant à la prise en charge de leurs préoccupations. En ce sens, les syndicats autonomes s'activent et, pour sa part, le Cnapest réunira son bureau national le week-end prochain pour discuter des démarches à entreprendre pour monter au créneau. “Nous avons programmé une réunion du bureau national jeudi et vendredi. Lors de la rencontre, nous discuterons, entre autres, de l'attitude du ministre après la signature des PV en avril dernier”, note Larbi Nouar, secrétaire général du Cnapest, joint lundi dernier par téléphone. Il ajoute : “Après la signature des PV, nous avons opté pour le gel de la grève. Et comme aucune de nos préoccupations n'a été prise en charge, nous allons revenir à la protestation. Quand un gouvernement signe des PV puis fait machine arrière, revenir à la protestation devient inévitable. Car nous n'allons pas dénouer la situation en signant d'autres PV.” Notre interlocuteur affirme que la famille de l'éducation a été “lésée” dans ses droits concernant le statut particulier et le régime indemnitaire. Pour lui, les augmentations dans le secteur de la Fonction publique doit être le même pour tout le monde et ne comprend pas les raisons de la disparité. “Nous avons eu une augmentation qui ne dépasse pas les 30%, certains secteurs ont eu des augmentations exorbitantes qui atteignent les 90%. Nous n'arrivons pas à expliquer cela. De plus, le ministre nous demande d'apporter des preuves à ce que nous avançons. Ce n'est pas à nous d'apporter les preuves, mais aux membres du gouvernement qui ont élaboré le statut de vérifier les anomalies”, souligne-t-il. La gestion des œuvres sociale fait, elle aussi, partie des principales revendications du syndicat. Celui-ci dénonce le flou qui entoure la gestion des œuvres sociales après l'abrogation de la loi 94/158, qui n'est toujours pas remplacée. Le syndicat pointe également du doigt l'arrêté mis en place par la tutelle après l'abrogation de la loi. “Un arrêté de trois lois est venu remplacer la loi 94/158, mais ce dernier reste flou. Il y a beaucoup d'anomalies. Ils veulent émietter les œuvres sociales”, dénonce le syndicaliste. Même son de cloche du côté du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) qui n'écarte pas l'éventualité de geler les cours si la tutelle continue dans sa politique de la sourde oreille. “Encore une fois, la rentrée s'effectuera dans un climat tendu. Cela est essentiellement dû à l'érosion que connaît le pouvoir d'achat, et ce, malgré les augmentations qu'a connues le secteur”, fait savoir Meziane Meriane, SG du Snapest, joint, lundi, par téléphone. “La situation économique que prévaut en Algérie et l'incapacité du pouvoir à contenir l'inflation, nous maintiennent toujours dans la précarité. Pour cela, le retour à la grève est une évidence”, fait-il-remarquer. Et d'ajouter : “Au mois d'avril dernier et après plusieurs semaines de grève, nous avons signé un PV avec la tutelle qui s'engageait à revoir la copie du statut et du régime indemnitaire promulgué. Mais le ministère de l'Education n'a rien fait. Nous sommes donc à la case départ ! Du moment qu'il y a cette anachronisme nous n'avons d'autre choix que de geler les cours.” Le syndicaliste insiste que sa formation est toujours ouverte au dialogue. Pour preuve, ils ont répondu présent à l'invitation du ministère pour tenter de débloquer la situation. “Nous devrions rencontrés le SG du ministère de l'Education cette semaine. Mais il nous a pas encore recontactés”, relève M. Meriane. Le SG de Snapest met l'accent sur la question de la gestion des œuvres sociales. “Nous avons toujours demandé la mise en place d'une commission indépendante pour gérer les œuvres sociales. De cette manière, nous pourrons assurer plus de transparence. Pour nous, la décentralisation des œuvres sociales restent la meilleure solution”, précise-t-il. Il clamera que “les responsables parlent de grands projets pour le secteur, mais nous ne voulons pas que ces projets soient un gouffre pour les œuvres sociales, c'est à l'Etat d'assumer ces projets”, constate encore M. Meriane. De son côté, Messaoud Amraoui, chargé de communication de L'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), menace de revenir à la protestation, et ce, malgré leur rencontre la semaine dernière avec le SG du ministère de l'Education. “Nous avons rencontré la tutelle la semaine passé et nous avons donné les preuves sur les disparités dans les augmentations entre les différents secteurs de la Fonction publique et il nous a promis d'envoyer une correspondance au président de la République pour résoudre le problème”, rapporte M. Amraoui, joint par téléphone. “La tutelle a maintenant toutes les preuves en main et si d'ici la fin du mois nous n'avons aucune réponse nous rentrerons avec le Cnapest en grève ouverte”, menace-t-il.