Vendredi au stade du 5 juillet, la JSK aura été à la hauteur du rendez-vous en offrant au public algérien une prestation presque parfaite. “Heureusement qu'il y a la JSK”, que de fois n'a-t-on pas entendu cette réflexion dans la bouche de ceux qui s'intéressent à la chose footballistique algérienne. Elle résume, à elle seule, tout le paradoxe du sport roi algérien qui se ramasse aujourd'hui à la petite cuillère. Notre équipe nationale, censée être le porte-étendard du pavillon algérien sur les stades d'Afrique se fait souvent balayer comme un fétu de paille dans les premiers tours de la coupe d'Afrique, après des qualifications souvent laborieuses. Elle est actuellement classée parmi les dernières nations africaines où, face à la misère et aux catastrophes naturelles, le citoyen n'a pas le cœur à la balle ronde. Qu'elle est loin l'épopée où les Madjer, Belloumi, Fergani, une cuvée d'exception qui a permis à notre pays d'écrire ses plus belles pages. En 2002, notre équipe nationale n'a même pas d'entraîneur. Elle continue à être gérée au petit bonheur la chance par un Zouba appelé souvent à parer au plus pressé. Pendant ce temps, les autres nations, notamment le Maroc et la Tunisie s'attellent déjà à la préparation du rendez-vous de Tunis qui pointe déjà à l'horizon. Cela montre à quel point le football algérien ne s'est jamais si mal porté que ces dernières années. C'est la faute aux hommes, aux joueurs, au public, aux institutions. Tout un chacun a sa part de responsabilité dans ce marasme sans précédent. Paradoxalement, la JSK dans ce naufrage généralisé résiste et arrive à tenir bon. Elle représente une petite lueur dans une épaisse grisaille. Une sorte d'exception pour confirmer la règle. Vendredi, au stade du 5-Juillet, devenu le temple de la grande communion avec le public algérien, elle aura été à la hauteur du rendez-vous en offrant à tous ceux qui ont bravé la faim du ramadhan et le froid de Chéraga une prestation presque parfaite. Des buts, de l'ambiance, du beau jeu. Et c'est vraisemblablement parti pour une sixième coupe dont trois successives, si elle gagne le match retour, ce qui serait somme toute logique, à moins d'une catastrophe. Ce qu'à Dieu ne plaise. Un tel palmarès offre à l'équipe de Mohand Chérif Hannachi une stature qui la place dans le gotha des grands clubs du continent africain. La question que tout un chacun doit se poser est de savoir à quoi tient finalement cet exception qu'est la JSK. À quelle alchimie ses joueurs et son encadrement ont recours pour offrir une image si rayonnante dans les compétitions africaines ? En vérité, la JSK, à l'instar des autres clubs algériens, fait face aux mêmes problèmes d'infrastructures, de finances. Bien plus, ces deux dernières années, en raison des problèmes que connaît la Kabylie, elle s'est retrouvée malgré elle projetée sur la scène politique. Que l'on se rappelle l'incendie dont a été l'objet son siège. Cela fait plus d'une année qu'elle évolue loin de son stade fétiche du 1er-Novembre de Tizi Ouzou. Une autre équipe confrontée à ce type de difficultés aurait incontestablement fait naufrage depuis longtemps. Mais la JSK est là, toujours là et plus que jamais fidèle à sa légende qui fait d'elle le club le plus titré d'Algérie et d'Afrique. Si elle résiste à tant de secousses, c'est parce qu'elle est bâtie sur du solide avec une gestion rigoureuse qui n'a rien à envier aux règles en usage dans les grandes équipes professionnelles. Ce serait faire preuve d'une grosse ingratitude si l'on ne soulignait pas le rôle déterminant de Mohand Chérif Hannachi qui représente actuellement le prototype du manager modèle qui met sa passion et ses relations au service du club. Ce sont en fait tous ces apports mis bout à bout qui expliquent le phénomène JSK. Mais à elle seule, elle ne peut malheureusement faire le printemps du foot algérien. N. S.