Un merveilleux envol laissant, derrière lui, un sillage polychrome de paillettes éblouissantes et d'envoûtantes sonorités. Que de vives émotions, aussi et surtout... C'est un vibrant hommage, incroyable et étrange cascade d'émotion collective, à celui qui fut, dans les années 1940 jusqu'en 1962, “le beau ténébreux” de la chanson algérienne (kabyle et arabe dialectal) à la voix douce et chaude de Radio Bougie, Abdelwahab Abdjaoui (de son vrai nom Rachid Baouche). Mémoire vivante de cette quatrième édition du Festival de la musique et de la chanson kabyles qui s'étalera jusqu'au 13 septembre, (l'ouverture a eu lieu jeudi passé à 17h au Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa), il est l'interprète de la fameuse chanson (en duo avec cheikh Sadek El-Bedjaoui) A belyazit (adaptation lyrique du célèbre conte Le chien, le chacal et le coq) et de bien d'autres textes qui passent encore sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale. À la tête de cet évènement, un admirable “architecte” : Omar Fetmouche, metteur en scène et directeur du TRB. Il est secondé de Farida Aït Ferroukh, “anthropologue berbérisante” qui a pris en charge le volet culturel théorique : conférences, séances entretiens-débats animées par Kamel Hamadi, Ahmed Oumaziz face à Abdelwahab Abdjaoui, Mohamed Hilmi et Slimane Chabi, exposition de photos commentées de figures de proue de la chanson kabyle, projection vidéo en boucle de documentaires et de films ayant trait à la chanson kabyle… La cérémonie d'ouverture est d'envergure. C'était également une ouverture de… robinets de tendres et fortes émotions. Djamel Allam, pourtant fort de caractère et maîtrisant son “affect” s'en est difficilement sorti, lui aussi, au beau milieu de son propos (sur scène) élogieux à l'endroit de “Qhali Rachid” (Abdelwahab Abdjaoui) avant d'interpréter deux chansons accompagné par le brillant Bazou et quelques musiciens de talent. Avant lui, une fabuleuse chorale féminine aux voix en canon et en polyphonie, un très agréable duo, féminin aussi, quelque temps plus tard “élargi” à des hommes pour finir d'“achever émotionnellement” un parterre de mélomanes. Les sexagénaires et plus ont vite “succombé” à la forte charge émotionnelle que contiennent des refrains admirablement repris comme “Aya zarzour, tev- îth ghal vavor…”, “Idhahrad ouaggour” (Slimane Azem) ou encore “Erras thili”… Et l'enchanteresse, le “solitaire” émeraude de la fin de l'ouverture du festival a, à elle seule, diffusé charme et envoûtement dans la salle bondée (en qualité, cela dit, fort heureusement), par sa voix sublime et ses arpèges, c'est Rahima Khelfaoui, d'ores et déjà massivement pressentie première lauréate, en sérieuse compétition, cependant, avec les filles Bouyahia (Sonia et Yasmine, musique andalouse et petites-filles de feu Cheikh Sadek El-Bedjaoui) de cette 4e édition du Festival de la musique et de la chanson kabyles. Ce dernier rayonnera également, par le biais de diverses représentations artistiques, à travers les communes d'Amizour, Barbacha, Bordj Mira, El-Kseur, Souk El-Tenine et Sidi Aïch. Tandis que ce seront 6 sites qui abriteront les “démembrements” de ce même festival à Béjaïa-ville (maison de la culture, TRB, Tennis Club (les Oliviers), place du 1er Novembre ou ex-place Gueydon, Rotonde de la brise de mer et esplanade du Gouraya. C'est la fête partout et jusqu'au 13 septembre. Les gens continueront à vaquer à leurs occupations mais… en chantant.