Le traditionnel rendez-vous du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles se déroulera du 8 au 13 septembre prochain à Bgayet. Cette manif qui en est à sa quatrième édition et qui connait à chaque fois un important engouement dans toute la vallée de la Soummam est dédiée cette année à Abdelwahab Abdjaoui, un artiste qui approche les 84 berges. En attendant ce rendez-vous local qui regroupera de nombreux interprètes de la chanson kabyle ancienne et nouvelle, il est sûr que beaucoup misent pour cette rencontre pour étoffer leur CV et se faire connaitre à un moment où il est très difficile de se frayer un chemin dans les espaces très ardus de la chose culturelle. Né en 1925, Cheikh Abdelwahab Abdjaoui a longtemps travaillé sous la direction du regretté Cheikh Sadek Abdjaoui (1907 / 1995). Responsable de la section musicale, le jeune Abdelwahab fait partie du groupe artistique de la station radiophonique de Bgayet. Cette station aurait démarré vers1946. Pendant plusieurs années et cela jusqu'en 1962, leurs deux compères enregistrent des centaines de chansons en Kabyle et en arabe. Parmi le groupe en question il y avait, entre autres musiciens, Cheikh Amokrane Agaoua, Ckeikh El-Mouhoub, El-Ghazi (interprète de la fameuse chanson "Chwingum, chwingum") et quelques autres dont il serait grand temps de réunir les noms auprès de ceux qui sont encore aujourd'hui vivants. Célèbre interprète de "Ah ! Ah ! A Belyazit, anda tensit itelli...", Cheikh Abdelwahab Abdjaoui est surtout connu pour les quelques chansons qui passent encore à la radio algérienne (Chaîne kabyle). Parmi celles-ci se trouve la plus connue qui s'intitule "A bel yazit", célèbre conte "Le chien, le chacal et le coq", chantée en duo avec Cheikh Sadek Abdjaoui. Il y a aussi "A Bu taamamt d uqendur" qui raconte "l'histoire du bateau qui revient de France ramenant des émigrés longtemps séparés de leurs familles". De son vrai nom, Rachid Baouche, Abdelwahab Abdjaoui, guitariste également, n'a cessé en même temps que cheikh Sadeq Lebdjaoui d'être inquiété par les autorités coloniales pour "création, interprétation et diffusion d'une chanson à caractère subversif". En outre, Abdelwahab Abdjaoui était, surtout, l'un des musiciens clés, virtuose de l'orchestre type de cheikh Saddeq Lebdjaoui, aux côtés du défunt Chérif Hamza, cheikh El Mouhoub et -plus tard et plus jeunes- Mohamed Raïs et El Ghazi. Concernant ce dernier, Abdelwahab Abdjaoui, dit Da Rachid, révèle que "si les paroles de la chanson phare de notre crooner national El Ghazi, 'Mahla del Aâchiya' sont écrites par Saddeq Lebdjaoui, la musique est tirée d'un film brésilien du début des années 1950". Abdelwahab Abdjaoui séduit et force le respect par son extrême gentillesse, sa serviabilité et son humilité. Parallèlement à ses activités artistiques, Da Rachid était surtout connu comme "l'homme de la situation" au Théâtre de Béjaïa, en sa qualité d'électricien qualifié, qui avait la charge délicate de veiller au bon déroulement de tout spectacle sur le plan technique et bien sûre la sono. Parfois, il est même machiniste de secours, métier rare et important dans les espaces de spectacle. Travaillant avec sa voix et surtout ses mains, Da Rachid a croisé la route de Tino Rossi, Camille St Saens et son orchestre philharmonique, Pia Colombo, Eddy Mitchell, Léo Ferré, Mohamed Tahar Fergani, Mohamed Lamari, Saloua, le défunt El Hachemi Guerrouabi et bien d'autres célébrités nationales et internationales venues se produire sur les planches du Théâtre de Béjaïa durant les années 1950 à 1970. En 2008, la seconde édition de ce festival sous des spectacles et surtout un mémorable colloque intitulé "Regards croisés sur la chanson kabyle". En plus du colloque, il y a eu la projection du film sur la regrettée H'nifa. Ce rendez-vous a été se rappelle t- on dédié à feu Farid Ali et a eu deux parrains artistiques en les personnes de Ben Mohamed et Kamel Hamadi. Le colloque fut animé par l'anthropologue Farid Aït Ferroukh, le linguiste Ramdane Rehib, le docteur, Mohand Akli Salhi, l'anthropologue, Ali Sayad ainsi que d'autres personnalités. Enfin, les principaux axes d'intervention durant ce colloque, qui a eu lieu pendant le Festival de la musique et de la chanson kabyles, concernent "La relation entre chant traditionnel et chanson" ; "La relation entre poésie et chanson" ; "Les caractéristiques des courants musicaux" ; "La thématique des chants" ; "Les conditions de production de la chanson, son impact social et son aspect économique" et enfin "L'interaction scène/salle mettant au jour une esthétique de la réception". Mais dans cette quatrième édition, il est peu probable qu'il y ai colloque.