Le manque de moyens humains et matériels pour la prise en charge sanitaire des habitants du village d'Amguid, situé à 450 km du chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset, est criant. La dégradation de la situation sanitaire a atteint son paroxysme, car la seule salle de soins existante, réalisée en 1984, est décrépite et de surcroît fonctionne avec des moyens dérisoires. Opérationnelle depuis 1988, elle fonctionne sans médecin, le poste étant toujours vacant. Seul un agent d'observation, un chauffeur ambulancier, un gardien et deux infirmiers qui se substituent aux sages-femmes et parfois au médecin y sont employés actuellement. “La situation sanitaire est peu reluisante. Les prestations fournies sont médiocres, car le personnel est non qualifié pour ce qui est des consultations médicales. Cependant, les deux infirmiers de ce centre se trouvent dans la contrainte de faire absolument tout”, peste un habitant. “Cela fait quatre ans que je travaille à Amguid, et la situation sanitaire se dégrade de jour en jour. Le personnel paramédical existant n'est habilité qu'aux premiers soins. Les malades souffrant de petits bobos ont la chance de se soigner ici. Les autres sont souvent évacués vers l'hôpital de Tamanrasset, à 450 km, en empruntant une piste longue de plus de 260 km sous une chaleur intenable avant d'atteindre la route bitumée et parcourir les 190 km restants”, se lamente l'imam du village avant d'ajouter : “Les habitants souffrent du manque de moyens. La santé est gravement malade à Amguid, et l'absence d'une pharmacie et le manque cruel de médicaments ont encore davantage exacerbé le problème.” En effet, en y étant, nous n'avons pas trouvé de mots pour qualifier la situation dans laquelle se trouve cette salle qui ressemble à tout sauf à un centre de soins médicaux. Le constat est atterrant. Pour les habitants, notre visite était l'occasion de dénoncer les carences et les écueils auxquels ils font face au quotidien. Pour eux, la présence d'un journaliste représente une chance de faire entendre leur cri de détresse lancé depuis l'insondable tunnel d'isolement dans lequel ils sont plongés depuis des lustres. Des employés de ce centre nous ont offert une visite guidée à l'intérieur, en nous demandant de prendre tout en photo afin d'étayer leurs doléances et d'établir un rapport convainquant. “Ce centre ne répond plus aux normes. Il n'est doté d'aucune commodité nécessaire, ne serait-ce que pour prodiguer les premiers soins. La dégradation de la bâtisse est accentuée par l'absence des normes d'hygiène”, se désole un employé dudit centre, non sans faire remarquer qu'“afin de palier l'absence du corps médical, le médecin militaire de la caserne se situant à la sortie du village effectue, au grand bonheur des villageois, des consultations une fois par semaine”. C'est une solution qui soulagera à coup sûr les malades qui caressent sans cesse le rêve d'avoir un médecin permanent. Au demeurant, il a signalé que “le manque de matériel frigorifique de stockage des médicaments a été également résolu par l'armée qui nous a accordé l'autorisation de stocker le lot de médicaments destiné à notre village à leur niveau, puisqu'elle dispose de tous les moyens”. Les villageois de cette bourgade sont à la merci des services de l'armée, puisque, à leur avis, les responsables communaux les fuient comme on fuit un lépreux. Interrogé, le PAPC d'Idlès dont relève ce village a, en présence des hautes autorités de wilaya, assuré que le problème sanitaire sera définitivement réglé avec la réalisation d'un nouveau centre de soins qui répond parfaitement aux exigences de la santé publique. “Le choix de terrain est déjà fait et l'étude est en cours d'achèvement”, a-t-il indiqué. A la question sur la possibilité d'affecter un médecin, il a reconnu que “c'est difficile”. Sans nul doute, dans un village frappé de plein fouet par l'ostracisme, tout le monde est du même avis.