Le président de la Ligue professionnelle de football (LFP), Mahfoud Kerbadj, n'a pas raté l'occasion de son passage, dimanche à l'ENTV, pour mettre de nouveau en exergue les “lenteurs administratives” en matière de mise à disposition par l'état des moyens nécessaires afin d'accompagner le processus de professionnalisation. “Une année après l'avènement du professionnalisme, nous ne voyons toujours presque rien venir. Mis à part l'argent alloué à l'achat des bus pour les clubs, le reste niet. Pas d'argent pour la construction des centres de formation (10 milliards), pas d'assiettes de terrain, pas de cession gratuite de stade et de terrains d'entraînement, pas de prise en charge des jeunes catégories et de la rémunération de leurs staffs”, regrette-t-il amèrement. Et d'ajouter : “Ce qu'on demande, c'est de mettre en application les mesures prises par le premier magistrat du pays en faveur des clubs pour la mise en place du professionnalisme. Il y a une loi de finances très claire là-dessus et nous demandons juste son application. Il faut qu'on arrête de nous mentir. Le problème ne se situe pas dans l'ouverture du capital social des clubs. Si, depuis une année, l'état n'a rien fait, comment peut-on s'attendre que des sociétés privées le fassent ? Je vous donne l'exemple du crédit destiné aux clubs. Les banques exigent un fonds de garantie pour qu'un club puisse toucher ce crédit. Dans la loi de finances complémentaire, il est précisé que c'est le Trésor qui donne ces garanties. Or cela n'a pas été fait.” Cette nouvelle montée au créneau du premier responsable de la LFP contre le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de mettre en pratique les recommandations du dernier conseil interministériel sur le football, intervient 48 heures après celle du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui lui aussi n'a pas manqué d'épingler le MJS sur les ondes de la Chaîne III. “Le professionnalisme a été certes institué, mais la réalité du terrain nous pousse à exhorter les clubs à faire plus d'efforts pour faire appliquer le cahier des charges. Sur les quatre premières années, les 2,5 milliards de subventions et les 10 milliards alloués tout comme l'assiette foncière, le bus et le transport des équipes sont des aides de l'état en ce sens, mais il faut surtout sortir de la bureaucratie ! Car ce n'est pas normal que ce soit le MJS qui gère, par exemple, la billetterie relative au transport aérien des clubs ! Cela doit être décentralisé vers la LFP”, martèle-t-il. Il faut rappeler à ce titre que les clubs pros avaient menacé en avril dernier de recourir à la grève, si les mesures des pouvoirs publics ne sont pas concrétisées, et il a fallu l'intervention du MJS pour calmer les esprits. Hocine Kenouche, directeur général des sports, était intervenu dans la presse pour faire de nouvelles promesses aux clubs “pour accélérer le processus de professionnalisation”. Mais depuis, les choses n'ont pas bougé, dixit Kerbadj qui écarte néanmoins pour le moment l'idée d'une grève des clubs. “Nous n'en sommes pas encore là, mais la situation est effectivement critique”, précise-t-il. Il faut rappeler enfin que le football a fait l'objet, une première fois, d'un conseil interministériel en 2001, mais ses recommandations sont restées lettre morte, et une seconde fois en 2010, mais les mesures prises peinent sur le terrain de la concrétisation.