Une correspondance a été remise aux présidents de club, le 21 février à l'hôtel Mercure d'Alger, par Saïd Bouamra, cadre et représentant du MJS, avant le début de la réunion ayant pour objet “la mise en œuvre du professionnalisme”. Liberté s'est procuré une copie de la lettre de sept pages, signée par Hocine Kenouche, directeur général des sports au MJS, qui met en exergue tout le processus du lancement du professionnalisme et ses différentes étapes. Le document énumère ainsi toutes les opérations lancées par la tutelle, invitant, à ce titre, les clubs au passage à le saisir au cas où lesdites opérations butent sur des problèmes sur le terrain. Le document est scindé en sept parties. La première, qui concerne le plan réglementaire, s'est taillée la part de lion avec 5 pages lui sont consacrés. Nous tentons de revenir sur l'essentiel de cette correspondance, notamment ce qui est réclamé depuis le début de saison par les présidents de club, à savoir les 10 milliards de centimes promis par l'Etat, l'affectation d'assiettes foncières dédiées aux centres de formation, la prise en charge des jeunes catégories, les équipements sportifs et les bus. En ce qui concerne les 10 milliards de centimes, le document fait référence, en son article 1-8, à la réunion conjointe MJS/association bancaire “sur la nécessité de faciliter aux clubs professionnels l'engagement de projets d'investissement autour de l'octroi par les banques publics à la société créée d'un montant de 100 millions de DA. Les clubs devront, à présent, soumettre leurs dossiers selon les conclusions de ladite réunion et de nous signaler également toute difficulté”. À ce sujet, le président du CRB, Mahfoud Kerbadj, nous a affirmé que “personnellement, je suis allé voir la banque pour m'enquérir justement de cette situation. Figurez-vous, qu'au lieu de m'orienter, où à la limite m'expliquer ce qui se passe réellement et pourquoi ce blocage, je me suis retrouvé face à un agent qui s'est amusé à me donner des leçons sur les procédures du crédit. Croyez-moi, je suis resté bouche bée”. Même son de cloche partagé par le président du WAT, Abdelkrim Yahla, qui nous confie, à ce propos, que lui aussi ne comprend pas où se situe les blocages. “Je ne vous le cache pas, jusqu'à maintenant, je n'ai pas compris pourquoi les banques refusent de jouer le jeu. Puisque l'Etat a décidé de nous octroyer ce montant, pourquoi est-il bloqué ? La loi de finances complémentaire était pourtant claire à ce sujet. En plus, on n'a pas besoin de nous dire que cet argent servira à tel ou tel chapitre, nous sommes responsables de la gestion de nos clubs. Si on me donne l'argent et on me dicte comment le gérer, ce n'est pas normal tout ça. Nous restons, toutefois, ouverts à toute éventuelle suggestion”, nous dira-t-il. “On veut les 10 milliards de centimes promis par l'Etat” Pour sa part, le président de l'ASO, Abdelkrim Medouar, préfère la prudence. “Puisque l'Etat a décidé de professionnaliser le football, autant l'accompagner pour une période d'au mois trois années, car on ne peut du jour au lendemain subvenir aux besoins du club sans le concours de l'Etat. Il faut que cet argent soit débloqué au plus vite afin que le professionnalisme soit remis sur les rails. Jusqu'à maintenant on gère de la même manière que la saison passée”, ajoute-t-il. Il est vrai que les présidents misaient beaucoup sur cette conséquente aide, dont le remboursement ne s'effectuera que dans 10 ans, bonifié de 1%. Par ailleurs, les cinq milliards de centimes que devrait débloquer l'Etat en guise de soutien aux clubs professionnels, l'article 1-5 stipule que “le projet d'arrêté interministériel fixant les modalités de suivi et d'évaluation du compte d'affectation spéciale n° 302-03, intitulé fonds de soutien aux clubs professionnels de football, une fois adopté, ce texte déterminera les procédures que doit suivre l'administration chargée des sports pour accorder les subventions aux clubs professionnels de football et pour évaluer l'utilisation des dépenses de ce compte”. Le document du MJS mentionne que les textes cités ont été transmis pour étude au ministère des Finances le 14 février 2010. En ce qui concerne la convention avec la compagnie nationale Air Algérie, qui consiste en une remise de 50% pour les clubs, on peut lire dans l'article 1-9, “signature d'une convention avec la compagnie Air Algérie relative à la contribution du MJS à la prise en charge des frais de déplacements des clubs professionnels en Algérie et à l'étranger sur les vols assurés par la compagnie nationale”. Kerbadj n'est pas de cet avis. “Je mes suis dirigé vers une agence d'Air Algérie pour avoir les billets pour mon déplacement à Oued Souf où on jouera la Coupe d'Algérie, un agent me dit qu'aucune convention ne se trouve à son niveau. Ce qui fait que rien n'a été signé entre le MJS et Air Algérie. Je suis resté stupéfait par cette annonce. Donc il n'y a rien d'officiel à ce propos”, affirme le boss du Chabab. “On n'a trouvé aucune convention chez Air Algérie” À propos de l'affectation des assiettes, le document stipule qu'“une action diligentée par le MJS, en direction des walis pour l'affectation des terrains d'assiette au profit des clubs professionnels en vue de la création de centres d'entraînement (17 clubs ont été à ce jour confrontés par un arrêté d'affectation), les clubs ont été saisis (sous le couvert de la FAF) en date du 13 février 2011 pour se rapprocher de la direction générale des Domaines afin de s'enquérir sur la teneur des procédures et formalités requises en matière de cession. Messieurs les présidents des clubs sont donc appelés à finaliser les procédures et à signaler toutes les difficultés rencontrées”, lit-on encore au chapitre 2-1, page 5. Là aussi, les présidents de club sont sceptiques, notamment ceux du centre du pays qui éprouvent des difficultés à trouver une parcelle de terrain libre. “Jusqu'à ce jour, on n'a rien vu venir. Ce ne sont toujours que ldes promesses. Notre club n'a encore reçu aucune notification de terrain ou d'assiette, nous sommes toujours dans l'attente d'une affectation de terrain pour nous permettre de lancer le fameux centre de formation”, nous révèle Manâa Kenfoud, président du NAHD. Pour l'acquisition des moyens de transport et le fameux bus promis par les pouvoirs publics aux clubs, le document stipule dans dans son article 3 : “Les clubs ont été saisis, le 14 février 2011, pour la retransmission au MJS des documents pro forma correspondant au type de transport choisi”. Yahla, le patron du WAT, nous dira à ce propos : “Il n'est pas normal que je me déplace jusqu'à Alger pour faire parvenir au MJS trois factures pro forma. Pourquoi ils n'ont pas décentralisé cette opération comme ils l'ont fait avec les équipements sportifs ?” Pour ce qui est de la prise en charge des jeunes catégories, le document mentionne, en son article 5 : “Le MJS a établi une nomenclature relative à la prise en charge des catégories de jeunes au plan de l'hébergement et de la restauration, selon des indicateurs définis par les services compétente du MJS. Cette nomenclature va permettre d'évaluer l'incidence financière découlant de cette prise en charge et partant de normaliser les dépenses y afférentes.” Le président du CRB s'insurge à ce sujet. “Depuis le début de cette saison, j'ai déjà dépensé 500 millions de centimes, uniquement pour les déplacements et la prise en charge des juniors lors des matchs. C'est trop ! Où va-t-on comme ça ? il est temps pour qu'on prenne ce volet en charge, le CRB ne peut pas faire face à toutes ces dépenses”, ajoute Kerbadj. Le document revient aussi sur l'attribution de 250 équipements et 36 ballons pour chaque club des deux ligues, à savoir les 28 clubs professionnels. “Attribution de matériels pédagogiques au profit des jeunes catégories de 28 clubs professionnels sur les 32 recensés. L'opération suit son cours”, lit-on dans le paragraphe 6. Le MJS invite en conclusion les clubs professionnels à lui faire part de toutes les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des dispositions rappelées dans ledit document. Les présidents de club, qui ont pris acte de cette correspondance, ont déjà commencé l'analyse et vont de nouveau se rencontrer ce mercredi 2 mars à l'hôtel Mercure pour faire le bilan de leurs revendications et poser les jalons de la nouvelle association des présidents de club qu'ils comptent lancer en vue de défendre les intérêts de leur clubs, lors de la dernière réunion tenu le 21 février 2011. Ils ont saisi le président de la République pour attirer son attention sur les lenteurs administratives dans la concrétisation du projet de professionnalisation du football algérien.