Azeffoun est devenue, l'espace de quatre jours, le carrefour des langues et des mots tant les poètes sont venus des quatre coins du monde. La ville côtière d'Azeffoun accueille depuis mercredi soir les activités de la deuxième édition du Festival des arts et de la poésie. L'activité est organisée par l'APC et le comité des fêtes de la commune d'Azeffoun, conjointement avec l'association Poètes à paris. Saïd Hilmi, illustre comédien algérien qui était présent à l'ouverture de ce festival, a rendu un grand hommage à tous les poètes qui ont pris part à cette renaissance de la poésie. En effet, Azeffoun est devenue l'espace de quatre jours le carrefour des langues et des mots tant, les poètes sont venus des quatre coins du monde (Tunisie, Iran, Equateur, Corse, Québec et France). Il est à signaler que l'initiative de ce festival revient au Français Yvan Tetebom, un poète dont l'enfance a été bercée par la terre d'Azeffoun et la Kabylie. Jeudi matin, jour du marché hebdomadaire, les poètes ont investi cet espace populaire et les cafés maures de la ville où ils ont déclamé leurs poèmes à une assistance qui ne s'attendait pas une telle mise en scène, ressuscitant l'image du vieux barde et du poète ambulant qui traverse les villages et les siècles, clamant les maux de la vie et réclamant l'amour de la vie. Des récitals poétiques furent également organisés aux deux lycées d'Azeffoun : Aghri Mohamed Saïd et Mohamed Iazouren, ce qui n'est pas passé inaperçu chez les élèves qui furent sûrement marqués par ce poème d'amour et de jeunesse la belle rose récité par la Française Vanina Michel qui, du haut de ses soixante ans, brave l'âge pour mettre de l'ambiance. “C'est une occasion pour nous de découvrir Azeffoun, terre d'enfance de notre ami et frère poète Yvan et de partager notre amour de la poésie”, dira-t-elle. Dans l'après-midi, ces “poètes du monde” ont rendu un vibrant hommage au poète, journaliste et écrivain Tahar Djaout. Grande émotion au cimetière du village à Oulkhou où repose le poète. Le Corse, Dominique Attavi, un cistre à la main (instrument traditionnel corse) a donné libre cours à sa voix en interprétant un chant traditionnel corse en hommage à Tahar Djaout, suivi par les autres poètes qui ont tous récité un poème à la mémoire de celui qui a refusé de partir et de fuir le pays, assumant noblement son rôle d'intellectuel. “Je sais que mon nom est sur la liste dans plusieurs mosquées d'Alger, mais cela ne changera rien ma conviction, au contraire, cela me détermine davantage”, avait dit Djaout à l'un des ses cousins, au mois d'août 1992. La salle des fêtes de la ville a abrité durant la même journée une soirée poétique animée par les poètes étrangers hôtes d'Azeffoun et d'autres venus de toute la Kabylie. Avant-hier matin, deux conférences ont été prévues par les organisateurs. La première a été animée par Claudine Bertrand du Québec, sous le thème “La parole poétique populaire où le parcours de l'identité”. La seconde a été animée par Mohamed Ghobrini sous le thème “Présentation sommaire de la vie et de l'œuvre de Chikh Mohand U l'Hocine”. Le soir, au village Ivahrien, dans la commune d'Aït Arhouna, une soirée musicale et poétique était au menu des activités. Alors qu'hier, quatrième jour du Festival, une journée de formation à l'intention des poètes était au menu ainsi que la projection du film Le Dialogue des sages, entre Si Mohand U M'hend et Cheikh Mohand U l'Hocine. La clôture de cette deuxième édition du Festival des arts et de la poésie est programmée pour aujourd'hui au siège de l'APC d'Azeffoun.