Voilà que Hamas rajoute sa couche ! Le parti islamiste mise sur l'échec de la démarche de l'Autorité palestinienne à l'ONU. Mahmoud Abbas savait qu'il doit ferrailler dur à New York où la diplomatie israélienne s'est déchaînée avec l'appui ouvert de Washington et le silence approbateur des grandes capitales européennes. Le président de l'Autorité palestinienne a affirmé que les Palestiniens s'attendaient à des temps “très difficiles” après la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine qu'il est déterminé à présenter ce vendredi à l'ONU. Le leader palestinien s'y est préparé en connaissance de cause. Les pays défavorables à l'initiative palestinienne, l'occupant israélien, les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne le sont de fait depuis l'infâme partage de 1948. Et à la Nakba sioniste, s'ajoute aujourd'hui celle des “frères” de Hamas. Le parti islamiste radical n'en est pas à son premier coup de couteau dans le dos de la résistance historique palestinienne. Pour l'histoire, ce parti avait vu le jour ans les années 1980 avec l'appui des Israéliens pour justement polluer et diviser le mouvement national palestinien qui prenait de la pâte avec feu Arafat. Et, c'est ce qui advint puisque Gaza est restée une enclave, sous le joug de Hamas. Bien qu'il ait assuré qu'il n'ira pas jusqu'à rouvrir une nouvelle confrontation inter-Palestiniens, impopulaire, et ses dirigeants le savent, Hamas parie sur un échec du projet du président Mahmoud Abbas d'obtenir à l'ONU un Etat de Palestine. Il ne s'y oppose pas frontalement, pour le moment, mais le fait de le dire renforce Israël et ses soutiens dans leur refus. Washington, Londres et Paris joueront sur du velours lorsque la question de la reconnaissance de l'Etat palestinien sera sur le bureau du Conseil de sécurité ce week-end. Khaled Mechaal, le chef de Hamas en exil à Damas et son Premier ministre à Gaza, Haniyeh, prient pour que si Abou Mazen (Mahmoud Abbas) se casse la figure, persuadés que leur formation sera plus forte que jamais. Car, et il faut convenir avec eux sur ce sujet, l'examen à l'ONU est la dernière carte d'Abou Mazen. Il sera mis fin au processus de négociations et dans le chaos, les islamistes savent y faire et y nagent comme un poisson dans l'eau. D'ailleurs et toujours à propos de ce processus ouvert à Madrid après le top d‘Oslo, les coups bas de Hamas ont contribué pour une large part, à affaiblir la position de l'Autorité palestinienne dans toutes les étapes des négociations. Israël n'a fait qu'exploiter les divergences interpalestiniennes. “Le Hamas mise sur l'échec d'Abou Mazen à l'ONU parce qu'il le comptabilisera comme un point positif pour lui et qu'il a intérêt à hâter la fin de son pouvoir”, estime Moukhaïmer Abou Saâda, professeur de sciences politiques à l'université Al-Azhar de Gaza. Dans sa plaidoirie contre l'initiative de Abbas, le mouvement islamiste, qui a saisi le pouvoir dans Gaza en chassant en juin 2007 les forces du Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne, dit que celui-ci a agi sans concertation. En outre, selon Hamas, l'avènement d'un Etat palestinien mettrait en péril les droits des réfugiés hors des territoires palestiniens. Hamas joue là son vatout. Si Obama use de son veto, avec probablement Cameron et l'abstention de Sarkozy pour faire bonne figure auprès des acteurs du printemps arabe notamment, ça ne sera pas que du tout bénéfice pour Hamas. Par contre, si la demande de Mahmoud Abbas sera satisfaite, Hamas entrera en décrue.