Le président Mahmoud Abbas a affirmé, à son arrivée hier à New York que les Palestiniens s'attendaient à des temps “très difficiles” après la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine qu'il est déterminé à présenter en fin de semaine à l'ONU. “Après le 23 septembre, les choses seront très difficiles”, a déclaré M. Abbas aux journalistes dans l'avion qui l'emmenait d'Amman à New York. “Notre démarche n'est pas un saut dans le vide. Nous cherchons notre indépendance et nous nous interrogeons face à la division de la communauté internationale. Quand aurons-nous droit à un Etat?” a demandé le dirigeant palestinien. Il a aussi exhorté Israël à “reconnaître un Etat palestinien” et ne pas “laisser passer l'occasion pour la paix”. Le président Abbas, qui à 76 ans veut rester dans l'histoire du mouvement national palestinien, présentera vendredi la demande d'adhésion au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon afin qu'elle soit soumise au Conseil de sécurité. C'est en qualité de chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), “seul représentant légitime du peuple palestinien”, que M. Abbas remettra la requête à M. Ban. “D'ici vendredi, nos efforts se concentreront sur la demande d'adhésion à l'ONU, nous ne discuterons pas d'autres idées”, a insisté M. Abbas, en réponse aux efforts diplomatiques en cours --infructueux jusqu'à présent-- pour dissuader les Palestiniens de soumettre leur demande au Conseil de sécurité. M. Abbas a eu ses premiers entretiens de la semaine hier avec M. Ban et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Il doit réclamer l'admission à part entière à l'ONU d'un Etat de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967, c'est-à-dire la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est comme capitale. Israël a rejeté catégoriquement cette annonce, le Premier ministre Benjamin Netanyahu arguant que “la paix ne s'obtiendra pas par une démarche unilatérale à l'ONU”. M. Netanyahu devrait être aujourd'hui à New York pour exprimer la “vérité” d'Israël face à la revendication palestinienne. Il doit rencontrer demain le président américain Barack Obama et prendre la parole vendredi à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, après le président palestinien. D'intenses contacts diplomatiques sont déployés pour éviter une confrontation majeure aux Nations unies, où les Etats-Unis menacent de recourir à leur veto. Des responsables du Quartette sur le Proche-Orient --Etats-Unis, ONU, Russie, Union européenne-- se sont réunis dimanche à New York. Aucun communiqué n'a été publié à l'issue de la rencontre. Tony Blair, l'envoyé spécial du Quartette, a assuré que des tractations, qui devraient se poursuivre jusqu'à la dernière minute, étaient en cours pour tenter de convaincre les Palestiniens de renoncer au Conseil de sécurité. “Je pense qu'il y a un moyen d'éviter une confrontation”, a déclaré M. Blair, mais “le seul moyen finalement de parvenir à un Etat palestinien (...) est de passer par des négociations”, a plaidé M. Blair sur la chaîne américaine ABC. Le processus de paix est gelé depuis un an, les Palestiniens exigeant des paramètres “clairs” de négociation et l'arrêt de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ce qu'Israël refuse. De leur côté, les Etats-Unis redoublent d'efforts pour convaincre les autres membres du Conseil de sécurité de s'opposer à la démarche palestinienne ou au moins de s'abstenir. La résolution palestinienne échouerait si elle ne réunissait pas au moins neuf voix. Washington, déjà déconsidéré aux yeux des Palestiniens, n'aurait alors pas besoin d'opposer un veto très embarrassant pour leur image en plein “printemps arabe”. Il y a un an, devant les Etats membres de l'ONU, le président Obama avait affiché sa volonté de voir arriver en 2011 un Etat palestinien à l'ONU. Les Européens, eux, divisés, veulent “croire à une solution constructive susceptible de rassembler le plus grand soutien possible et de permettre une reprise des négociations”. Réunis à New York, les bailleurs de fonds de l'Autorité palestinienne ont aussi appelé à une reprise des négociations. La Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et les agences de l'ONU ont tous exprimé l'avis que l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas était prête à gérer son propre Etat.