Et si Moh Cherif Hannachi quittait la JS Kabylie ? Ou plutôt la présidence de cette même JSK ? La question à peine posée poserait déjà problème aux dizaines de milliers de supporters imazighen ! Président-gérant du club le plus titré du pays depuis bientôt dix-huit ans et, donc, forcément doyen des présidents de l'élite nationale, Hannachi laisse pourtant l'impression d'y songer de plus en plus. Sérieusement cette fois-ci qui plus est. Pour l'avoir lui-même laissé entendre, le président kabyle semble presque résolu à laisser son fauteuil à “tout investisseur qui peut apporter un plus”. À tout investisseur seulement ! Mais qui serait cet investisseur capable de “débusquer” de son siège un président qui a jusqu'à lors résisté et survécu à tout souhait de changement ? Pour être celui qui incarne probablement le mieux le prototype-même du président-gérant-manager façon CSA, Hannachi résiste et continue de résister pour l'instant tant bien que mal aux vents du changement, imposés par l'avènement et l'instauration du professionnalisme. Le premier responsable des Canaris du Djurdjura donne même l'impression de n'avoir cure de ce nouveau mode de fonctionnement et de continuer d'ailleurs à gérer “son” club comme il le fait de manière régulière et studieuse depuis 1993. Pourtant, avec son standing, son aura, son palmarès, sa popularité et sa notoriété sur le triple plan national, régional et continental, la JS Kabylie devrait, logiquement et légitimement, attirer de gros investisseurs et constituer un extraordinaire fonds de placement. L'approche tentée par Ali Haddad et qui s'est avérée un échec retentissant constituerait-elle à ce point la hantise des éventuels investisseurs à même de ne pas tenter le pas et d'avoir peur de proposer à Moh Cherif Hannachi de céder sa place ? Ou autrement posée, Hannachi, de par son attachement et son omniprésence à la présidence du club kabyle dissuaderait-il autant les bailleurs de fonds qu'investir à la JSK intéresseraient ? Mais surtout, combien de temps tiendra-t-il encore face aux velléités d'investissements d'hommes d'affaires algériens et même étrangers ? Habitué à diriger son club de la même manière depuis près de deux décennies à la faveur de la souveraineté qu'il a toujours eue sur l'assemblée générale de la JSK, Moh Cherif Hannachi risque, en effet, de n'avoir plus tous les pouvoirs en main dès le lendemain de la publication du décret exécutif portant sur l'obligation pour les présidents de club d'ouvrir le capital social aux investisseurs. Avec un apport personnel de quatre-vingt-dix mille dinars seulement, autrement dit neuf millions de centimes dans le capital de départ de la JS Kabylie dans sa nouvelle version professionnelle, Hannachi ne devrait, ainsi, pas pouvoir lutter, financièrement parlant, avec un quelconque “gros bonnet” ou poids lourd de la bourse locale au cas où un réel “appel d'offres” venait à être officiellement lancé. C'est que la JSK a un tel pouvoir de double attraction sportive et financière qu'il est tout aussi attendu que prévu d'assister à un véritable rush d'investisseurs et de placements au cas où le capital social venait à être ouvert à tous. Et c'est à ce moment justement qu'après dix-huit longues années à la tête des Jaune et Vert et quatre titres de champion, deux coupes d'Algérie, une coupe d'Afrique des vainqueurs de coupes et trois coupes de la CAF que Moh Cherif Hannachi pourrait se voir destituer en vertu des nouvelles lois régissant la vie des sociétés sportives par actions que sont devenus les clubs de l'élite algérienne. Exactement comme l'a eu à vivre son meilleur ennemi et éternel rival du passé, Saïd Allik en l'occurrence, lorsque “son” club, celui qu'il a réussi à bâtir en une dizaine d'années avec la réussite que l'on sait, a été racheté par l'ETRHB d'Ali Haddad. Alors, si Allik, qui a eu, estiment certains observateurs, plus de mérite puisqu'il est parvenu à hisser l'USMA à la place qui est la sienne aujourd'hui alors que Hannachi a perpétué la tradition d'une JSK habituée aux lauriers et aux couronnes nationales et continentales, s'est fait une raison en ouvrant grandes les portes au groupe Haddad, l'actuel président kabyle devrait lui aussi penser à la pérennité des Canaris du Djurdjura via un partenariat avec une firme de haut standing. Il en serait bien inspiré, lui qui clame sur tous les toits médiatiques qu'il est prêt à quitter la présidence et céder son fauteuil pour l'intérêt suprême de la JSK à qui en apporterait un plus.