Il y avait bien de la déception et surtout un air de frustration, samedi soir, dans les vestiaires kabyles, car ce premier match nul de la saison concédé at home face à la coriace formation du Chabab de Batna avait bien un goût d'amertume chez les joueurs comme chez les dirigeants de la JSK. Et pour cause, après avoir dominé copieusement les débats face à une équipe visiteuse bien regroupée en défense, les Canaris avaient pourtant réussi à décadenasser la citadelle batnéenne à la 66' de jeu grâce à l'enthousiasme et l'opportunisme de Boulemdaïs qui venait d'être incorporé à la place de Tedjar (64') pour se faire crocheter pratiquement sur son premier ballon dans les six yards adverses. Le penalty sifflé logiquement par l'arbitre, M. Sahraoui, permit au revenant Hemani de faire usage de son terrible pied gauche pour fusiller littéralement l'excellent gardien Babouche. On pensait que la JSK tenait là son second succès consécutif de la saison mais c'était sans compter sur la hargne des gars des Aurès et, surtout, sans la sévérité de l'homme en noir qui aura abusé sans aucune retenue de ses cartons pour pousser le zèle jusqu'à expulser deux pièces maîtresses de la JSK, en l'occurrence Khelili (56') puis Camara (83'), pour des cumuls de cartons pas du tout évidents. Et lorsque l'autre remplaçant de luxe, du côté de Batna, à savoir Messadia, réussit à égaliser superbement à la suite d'un beau mouvement offensif de l'attaque batnéenne (81'), les belles illusions kabyles d'enchaîner ce début de saison par un second succès s'évaporaient d'un seul coup. Mais lorsque M. Sahraoui brandit un second carton rouge à Camara à la 84', l'on se mit alors à trembler dans le camp kabyle car le fait de terminer la partie à neuf face à un onze aurésien soudainement revigoré, les Canaris ne purent s'empêcher de craindre le pire. Déjà condamnée au huis clos, puis handicapée par la sortie de son défenseur latéral droit Remache, évacué à l'hôpital après seulement cinq minutes de jeu, la JSK devait encore manger son pain noir avec cette double expulsion jugée très sévère par de nombreux observateurs. Tout cela a fait que les avis d'après-match étaient plutôt partagés entre ceux qui estimaient que la JSK venait de perdre stupidement deux précieux points et, au contraire, ceux qui pensaient que la formation kabyle avait, tout compte fait, réussi à récolter un bon point dans des conditions de jeu curieusement défavorables. Avec son expérience du football de haut niveau mais aussi avec maturité et sa sagesse, le nouveau coach kabyle, Méziane Ighil, visiblement contrarié par cette contre-performance, tenait à relativiser les choses car il considère que ce petit point grappillé dans des conditions de jeu très difficiles avait certainement son pesant d'or, lui qui voulait pourtant débuter son aventure en terre kabyle par un beau succès. C'est ainsi qu'il s'est enfermé longuement dans les vestiaires avec ses joueurs qu'il a tout de même félicités pour leur combativité et abnégation sur le terrain. “En football, il faut savoir relativiser les choses car tout compte fait, nous aurions pu aisément perdre ce match. En plus du match joué à huis clos, ce qui nous a privés du soutien précieux de notre public, nous avions perdu Remache dès le début du match. Et pour couronner le temps, l'arbitre nous expulse deux joueurs à des moments cruciaux de la partie, et ce, face à une bonne équipe de Batna. Avouez que c'en était trop. Il y a des jours sombres comme ça où il faut faire avec”, dira Ighil à la sortie des vestiaires non sans reconnaître toutefois qu'un énorme travail l'attend à Tizi Ouzou pour remettre la JSK sur orbite. “Il faut bien se rendre à l'évidence que la Coupe d'Afrique a laissé bien des séquelles chez les joueurs, mais je reste persuadé que grâce au sérieux et aux énormes qualités de nos joueurs, nous allons redresser progressivement la barre”, conclut Ighil qui prépare ardemment le périlleux déplacement de demain à Alger, où la JSK aura fort à faire face au CRB pour le compte de la mise à jour du calendrier.