SNMG à 18 000 ou 20 000 DA ? À la veille de la tripartite, on s'achemine vers un consensus UGTA-patronat en faveur de l'augmentation du Snmg et une amélioration des revenus des retraités. L'UGTA et les organisations patronales sont également favorables à une baisse de l'impôt sur le revenu global (IRG). Cette dernière mesure, si elle venait à être décidée par les partenaires de cette instance de concertation, aura pour conséquence une augmentation des salaires de tous les travailleurs. Mais le gouvernement pourrait serrer les cordons de la bourse, invoquant les contraintes budgétaires. Outre un Snmg à 18 000 ou 20 000 DA par mois, l'amélioration des pensions – ces deux premières mesures seraient très probablement décidées au cours de la rencontre prévue demain –, le gouvernement serait-il enclin à lâcher du lest sur l'Irg pour calmer le front social ? Il s'agira de savoir jusqu'où ira-t-il ? En un mot, ces hausse des salaires seront- elles suffisamment importantes pour freiner l'érosion du pouvoir d'achat de la majorité de la population ? Rien n'est sûr, d'autant plus qu'on assiste à un dérapage dangereux des dépenses publiques, au regard de l'énorme trou budgétaire projeté dans la loi de finances 2012. S'il faut reconnaître que l'effort de l'état a été conséquent en matière d'amélioration du niveau de vie des smicards, même s'il reste insuffisant, au regard du niveau très bas des salaires et d'un revenu de survie estimé à moins de 40 000 DA mensuellement pour une famille de cinq personnes. En fin de compte, force est de constater qu'on continuera à distribuer des salaires et des pensions de misère à la grande majorité des Algériens. Par sa politique salariale, l'exécutif joue plutôt le rôle de sapeur-papier avec ses conséquences négatives sur l'harmonisation des rémunérations de la fonction publique plutôt que celui du réformateur chargé de mettre de l'ordre dans le système salarial, aujourd'hui fondé sur des critères extraéconomiques. La tripartite jettera-t-elle les fondements d'un système salarial fondé sur la performance, la productivité ? Jusqu'à présent, cette instance de concertation a géré l'urgence. On a augmenté, jusqu'ici, différents corps de la fonction publique sans exiger une amélioration de la qualité de service, créant même, par-ci, par-là, des disparités entre différentes corporations. Dans le secteur économique, seule une partie des grandes entreprises privées et les grandes firmes étrangères implantées en Algérie servent des salaires adéquats. Mode d'emploi : fixer des objectifs à chaque collaborateur et déterminer le salaire mensuel en partie en fonction de l'atteinte de ces objectifs (partie variable du salaire). Le résultat est connu. Chaque année, ces entreprises courtisées obtiennent des taux de croissance positifs et engrangent des bénéfices dont une partie est versée aux salariés sous forme de bonus. Ce modèle à “dupliquer” est à inscrire dans une politique de ressources humaines qui tend à motiver le travailleur. Or, cette véritable politique de ressources humaines n'existe pas en Algérie – ni dans l'administration ni dans bon nombre d'entreprises publiques et privées. Résultat des courses, la qualité de services offerts aux contribuables s'avère très médiocre et la productivité généralement très insuffisante dans le secteur économique. Il convient de rappeler sur ce point que l'environnement de l'entreprise constitue un handicap à la création de richesses et d'emplois. Dans la foulée des décisions du président de la République, sommant l'exécutif à améliorer le climat des affaires, la tripartite devra arrêter de nouvelles mesures pour que le climat des affaires encourage les entrepreneurs à investir, développer des affaires. Or, depuis la quatorzième rencontre gouvernement-UGTA, patronat, peu de progrès ont été réalisés. Le dialogue et la concertation avec les représentants des entrepreneurs ne sont pas toujours au rendez-vous. Il reste donc un très long chemin à faire pour que le climat des affaires en Algérie soit favorable à l'entreprise algérienne de production ainsi qu'aux investisseurs locaux et étrangers. Pourtant, ce point, l'un des plus importants inscrit à l'ordre du jour de la tripartite, constitue l'un des leviers à la redynamisation de l'appareil de production nationale, à la résorption des tensions sociales ainsi que la redistribution des salaires indexés à l'inflation, correllés à la performance et partant garants d'un niveau de vie beaucoup plus décent. K. R. libeco [email protected] LIRE TOUT LE DOSSIER EN CLIQUANT ICI