Le gouvernement, le patronat et l'UGTA se retrouveront, une nouvelle fois, en moins de six mois. Si la tripartite du mois de mai dernier a été consacrée aux dossiers liés à l'entreprise et au soutien à l'investissement, celle qui s'ouvre aujourd'hui aura un fort contenu social. La question du pouvoir d'achat des travailleurs semble occuper une grande place dans les débats, du moins dans la presse, pour autant les organisations patronales veulent peser de tout leur poids pour convaincre le gouvernement de la nécessité de porter une plus grande attention au monde de l'entreprise, qui évolue dans un environnement difficile. Les difficultés, de ce point de vue, ont été recensées depuis longtemps, aussi bien par les institutions nationales que par des organismes internationaux. Même si les solutions préconisées en la matière sont souvent évidentes et font l'objet d'un très large consensus, il reste toutefois que leur mise en œuvre sur le terrain se fait de manière trop lente et trop timide. Un des points à l'ordre du jour de la tripartite est d'ailleurs consacré à la mise en œuvre des conclusions de la tripartite tenue au mois de mai dernier. Certaines organisations patronales ne semblent pas satisfaites du travail engagé. Le conseil national de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa) avait même brandi la menace de ne pas participer à la tripartite. “Nous allons à la tripartite pour défendre le patrimoine industriel national qui est dormant, qui ne demande qu'une petite mise à niveau, financière, technologique et managériale”, souligne M. Abdelaziz Mehenni de la Cipa, estimant que la mise à niveau des entreprises, dont certaines, malheureusement, sont à l'arrêt, coûtera “beaucoup moins cher que ce que coûteraient des nouvelles usines”. “Nous allons revendiquer la sauvegarde de l'outil de production, la protection de la production nationale et le sauvetage des postes d'emplois existants”, précise M. Mehenni, regrettant que les précédentes tripartites n'ont rien produit de tangible. “Nous avons participé à plus de 10 tripartites mais il y a zéro au compteur”, se désole-t-il, relevant la non-application, sur le terrain, des décisions prises lors de la dernière tripartite. évoquant la mesure concernant le rééchelonnement, M. Mehenni affirme qu'ils ont procédé “au cas par cas. Ils en ont fait une ségrégation entre le public et le privé”. M. Mehenni indique, selon l'UGTA que la Cipa a rencontrée, que les entreprises sont en train de fermer. Le responsable de la Cipa a exprimé le souhait que cette tripartite ne ressemble pas “à une montagne qui accouche d'une souris”. Le président de la CAP a, lui aussi, plaidé pour “le suivi sur le terrain des décisions prises”, soutenant que le problème de la relance de l'économie algérienne réside dans la non-application des lois existantes. La CAP a appelé “à l'application à 100% des dispositions contenues dans le pacte national économique et social paraphé par toutes les parties en 2006”. M. Habib Yousfi, président de la CGEA, explique que le pacte a été établi en fonction d'une conjoncture économique et sociale, sa durée est aujourd'hui révolue. Pour lui, “il est logique que nous puissions examiner la situation économique et sociale actuelle et, éventuellement, procéder à la révision du pacte”. De son côté, la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), qui a fait de “la promotion de la production nationale” son cheval de bataille lors de cette tripartite, a indiqué qu'elle allait réitérer sa demande de soutien aux PME en difficulté. Le président du FCE a indiqué que son organisation ira à la tripartite pour défendre le point de vue de l'entreprise, estimant que le climat des affaires est encore hostile et il reste encore des comportements discriminatoires à l'égard des entreprises privées.