La raison en est que la disposition de loi met le ministre candidat à la députation dans les mêmes conditions matérielles que n'importe quel citoyen prétendant arracher un siège à l'Assemblée nationale. Les ministres candidats à la députation ne veulent pas démissionner de leur poste trois mois avant les législatives. C'est, du moins, ce que révèle une source proche de l'alliance présidentielle. Depuis l'adoption en conseil des ministres, le 9 septembre passé, du projet de loi organique relatif au régime électoral instituant à travers l'article 93 l'obligation pour le ministre candidat à l'Assemblée populaire nationale (APN) la démission du gouvernement trois mois avant la date du scrutin, le ministre de l'intérieur, Daho Ould Kablia, fait face à de multiples pressions. Et ce sont les chefs de partis membres de l'alliance présidentielle, le rassemblement national démocratique (RND), le front de libération nationale (FLN) et le mouvement de la société pour la paix (MSP) qui “lui font subir ces pressions et quotidiennement”. Ces chefs de parti disent à Ould Kablia le refus des ministres de démissionner du gouvernement : “Vous nous avez foutus dans une véritable galère à travers cette loi électorale, les ministres ne veulent pas partir du gouvernement. Il y a même ceux qui disent ne pas le quitter dans tous les cas de figure”, nous explique-t-on. Et ce sont justement les ministres membres du gouvernement ambitionnant de se porter candidats à la députation qui ont demandé à leur patron de parti de jouer les intermédiaires auprès du ministère de l'intérieur dans le but de remettre en cause l'article 93 de la loi électorale. Cependant, Ould Kablia reste stoïque et ne veut pas changer d'un iota le projet de loi électorale : “j'ai le ok du président”, répond-il à chaque fois aux patrons de parti le sollicitant à ce propos. Et devant l'insistance des chefs de parti, ould Kablia leur répond : “moi, j'ai fait la loi et j'ai fini mon travail, le projet est actuellement à l'APN, il est entre les mains de vos députés et c'est à eux d'apporter les changements que vous désirez.” Sur cette question, il faut dire que les membres de la commission juridique de l'assemblée nationale qui débattent depuis pratiquement deux semaines l'avant-projet de loi relatif au régime électoral ont approuvé les dispositions de l'article 93 de ce texte de loi. La raison en est qu'elle met le ministre candidat à la députation dans les mêmes conditions matérielles que n'importe quel citoyen prétendant arracher un siège à l'assemblée nationale. “avant, le ministre venait avec les moyens de l'Etat, voitures, gardes du corps et le wali pour faire sa campagne électorale, ce qui lui donne une longueur d'avance sur le simple citoyen candidat à la députation, mais avec l'article 93, le ministre et le simple citoyen sont sur un pied d'égalité.” Autrement dit, les ministres se trouvent actuellement piégés par cet article, eux qui n'ont pas osé souffler mot à ce propos devant le président de la république à l'occasion du conseil des ministres. La seule option qui reste donc aux partis pour remettre en cause l'article 93 de la loi est de l'amender lors des débats en plénière. En attendant, les ministres actuellement en poste se sentent en danger de rater la députation et de perdre leur ministère en cas de démission.