Le Centre de documentation en droits de l'Homme (CDDH) a célébré, hier, la journée du 5 Octobre. La commémoration, organisée en partenariat avec la dynamique Association des victimes d'Octobre 1988 de Béjaïa, a été marquée par le témoignage des victimes et par une rencontre-débat où les présents se sont interrogés : est-ce qu'Octobre 1988 a été une “révolution inachevée ?” S'il est vrai que 23 années ont passé depuis, les témoignages demeurent toujours aussi poignants. L'Association, créée au lendemain de ces tragiques événements, n'a cessé de remettre sur le tapis des revendications vieilles de plus de deux décennies. à savoir une reconnaissance officielle des blessés par le pouvoir politique comme des victimes de la répression. Non pas comme des accidentés du travail. Le président de l'AVO, M. Yahiaoui Abdelaziz, est connu de tous les hommes politiques, qui ont assumé ou pas des responsabilités. Aucun d'eux, qu'il soit de la coalition présidentielle ou de l'opposition, ne peut dire qu'il n'a pas été interpellé lors de son passage à Béjaïa ou qu'il n'a pas été destinataire de dossiers. En témoignent notamment les échanges épistolaires entre l'Association et les hautes autorités du pays. Les membres de l'Association n'ont cessé depuis le début de militer pour un statut des victimes de la répression. Les militants politiques et les membres de la société civile ayant pris part à la rencontre-débat ont réclamé pour leur part une enquête indépendante sur les événements d'Octobre 1988 d'autant que le pouvoir politique semble se réclamer de cet héritage dans le sillage du Printemps arabe, qui a emporté tout sur son passage. Occasion de faire un parallèle avec le jugement du président égyptien déchu, M. Hosni Moubarak, suite “au massacre des victimes de la place Tahrir alors que chez nous c'est l'impunité totale”. Il est impératif, a-t-on insisté, “de juger le président de l'époque, M. Chadli Bendjedid ainsi que les commanditaires ayant donné l'ordre de tirer sur la foule mais aussi les responsables des actes de torture”. Cependant avant d'arriver au jugement des commanditaires des tueries et des actes de torture, il faut s'atteler au plus urgent : sauvegarder les acquis d'Octobre 1988, qui sont aujourd'hui, selon les militants politiques, “en train d'être remis en cause”. On a expliqué que les textes, qui sont à l'APN et qui vont passer comme une lettre à la poste, sont en net recul par rapport aux anciennes lois : loi sur l'information, sur le code électoral, etc. On risque d'assister à une remise en cause du multipartisme, du plurisyndicalisme, a-t-on prévenu. M. Ouyougoute